Fiction de Mozart
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Ma fiction à moi ... Partie 4

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1Ma fiction à moi ... Partie 4 Empty Ma fiction à moi ... Partie 4 Mer 13 Avr - 6:56

Nelly Salieri ♪

Nelly Salieri ♪
♫ L'Ecrivaine ♫

* * *

De son côté, Demetrio semblait avoir abandonné son idée de lettre. Il faisait le cent pas dans sa chambre, réfléchissant à un moyen de se retrouver avec cette femme, en évitant le maximum de passer pour un crétin, comme il l’avait si souvent fait. Pour cela, il pouvait toujours se servir de l’italien. Par expérience, il savait que l’italien plaisait aux femmes. Il pouvait dire n’importe quoi, même la plus horrible des choses, parler italien, ou français, était toujours un atout majeur.
Il fit un nouveau tour de sa chambre, cherchant désespérément une idée… Il s’arrêta près des carreaux, de la fenêtre, et il trouva soudain ce qu’il cherchait.
Animé d’une nouvelle énergie, il se précipita dehors, manquant de renverser Constance au passage, dévala les marches deux à deux, traversa le hall, et manqua de se faire renverser sous les sabots de deux chevaux qui guidaient une voiture de luxe.
Sans prendre le temps de s’excuser auprès des passants qu’il bousculait, il leur déversait son sourire heureux et béat, tandis que, dans sa tête, deux mots faisaient un effet boomerang : « Elise Wagner, Elise Wagner ». Il passa devant un bijoutier, jeta un œil rapide à la vitrine, mais son regard fut vite attiré ailleurs. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. Lentement, il traversa la route, en entra dans la boutique.

* * *

Wolfgang Mozart acheva enfin sa lettre pour sa sœur, pleurant son amour déçu et impossible. La lettre était bien humide. Il écrivit l’adresse, puis se laissa tomber sur son matelas, les mains derrière la tête pour faire une sorte de coussin, le regard perdu dans la peinture blanche écaillée du plafond. Décidemment, il n’avait de la chance avec les femmes qu’avec les… Comment appelait-t-on ça, en Allemagne ? Les femmes de plaisir ? Ou quelque chose d’avoisinant.
Une chose était certaine : il devait chasser Aloysia de son esprit. Ses espoirs de mariage avec elle avaient fondus comme neige au soleil.
Les larmes coulèrent de nouveau le long des joues, et il ne les essuya pas. Personne n’était là pour le voir, de toute façon. Enfin… Le croyait-il.
Quelqu’un toqua à sa porte. Il se redressa en sursaut, et essuya l’eau salée du revers de sa manche.
- Oui ? dit-il d’une voix qu’il voulait la moins larmoyante possible.
La porte s’entrebâilla timidement, et quelqu’un demanda :
- Je peux entrer ?
- Euh… Oui, bien entendu, répondit le musicien, qui se leva de sa couchette. Je vous en prie, entrez.
Garance entra. Elle avait noué ses cheveux bruns et bouclés tant bien que mal en une sorte de queue de cheval un peu difforme, mais, au moins, elle n’avait pas les cheveux sur ses yeux marron.
- Holà ! salua-t-elle. Tout va bien ?
Le musicien dévisagea la jeune femme. Il ignorait complètement qui elle était. Il ne savait pas ce qu’elle lui voulait. Mais elle l’hypnotisait.
- Euh… Qui êtes-vous ?
- Oh ! Pardon ! J’ai oublié de me présenter. Je suis Garance. Simplement Garance.
- Vous êtes espagnole ?
- Si ! répondit-elle machinalement. Euh… Je voulais dire, oui.
Wolfgang sourit.
- J’avais compris, dit-il.
- Je n’en doute pas. J’ai cru entendre des pleurs, en passant, tout à l’heure. Etait-ce l’effet de mon imagination ?
Le jeune homme s’en mordit les joues, mais cela n’eut pour effet que de raviver des larmes. Garance le prit en pitié, et vint s’assoir à côté de lui, pour le prendre et le bercer dans ses bras, en chuchotant des mots apaisants à son oreille, en espagnol, dans un murmure presque inaudible :
- Silencioso… Olvida tu amor… Descanse… No es nada. Ya no existe. Ya no sufre. Es sobre. Silencio… Apagar la pena…
Elle lui caressa les cheveux pour calmer son chagrin revenu, en continuant de lui murmurer des mots espagnols à l’oreille. Il releva enfin son visage trempé de larme, et alla chercher un baiser sur ses lèvres.

* * *

La calèche s’arrêta enfin. Isobelle était tellement restée collée à sa petite vitre qu’elle était maintenant entièrement embuée, ce qui fit qu’elle ne put voir où elle était. En bon gentleman, Antonio descendit en premier et alla lui ouvrir la porte. De nouveau, la jeune femme pria de toutes ses forces pour ne pas que le destin lui joue des tours, comme par exemple, la faire trébucher sur sa robe.
Même si le destin avait voulu s’amuser à lui faire une farce, Antonio l’aurait devancé, puisqu’il attrapa la jeune femme par la taille, la souleva, et la déposa au sol, juste à côté de lui.
Lui s’estimait heureux de ne pas avoir fait de malaise dans le véhicule, comme cela lui était souvent arrivé.
Elle s’accrocha à son bras, bien curieuse de voir où ils allaient, mais, visiblement, Antonio n’avait pas prévu de destination précise. Ils étaient dans un parc. Joli, certes, mais Isobelle ne comprenait pas. Pourquoi un parc ? Elle regarda s’il allait lui dire que c’était une blague, ou qu’il s’était trompé d’adresse, mais il n’en fit rien.
Il l’entraîna sur un des chemins pavés, lui tenant la main dans son bras, cherchant désespérément quelque chose qui pourrait le sortir de cette situation maladroite. Il avisa un banc, et se demanda s’il pourrait s’en sortir avec. Non, certainement pas.
- Moi Dio, jura-t-il dans sa barbe.
- Pardon ?
Il hésita, puis entrevit la seule solution pour s’en sortir.
- Je ne savais pas que c’était si dur que ça, un rendez-vous, confia-t-il. Je m’attendais à ce que tout soit tellement plus simple… Mais vous n’êtes pas simple.
- Vous non plus, ajouta-t-elle. Nous avons aussi peu d’expérience dans le sujet l’un que l’autre.
- En effet, c’était une opération vouée au désastre.
Ils se regardèrent d’un œil complice et, d’un commun accord, s’assirent sur le banc le plus proche.
- Je n’ai jamais eu d’homme, à proprement parler, dans ma vie. Ma mère me disait que j’étais trop exigeante.
- Moi, on m’a dit que je faisais fuir les femmes, parce que je ne sais pas m’y prendre, et que je suis trop renfermé.
- Oui, mais là, vous venez de vous ouvrir.
- C’est pour ça qu’on arrive à communiquer, d’ailleurs.
Il passa un bras autour de ses épaules, mais, cette fois, pas pour la réchauffer. Ils regardèrent deux oiseaux qui picoraient le pain d’une vieille dame, puis Antonio proposa :
- Bon… On rentre ?
Et ils prirent la calèche pour le chemin du retour, qu’ils passèrent main dans la main, yeux dans les yeux et sourires aux lèvres.

* * *

- Tu plaisantes ?! s’alarma Constance. Il t’a demandée en mariage ?!
Une fois de plus, elle était furieuse. Elle se dit qu’elle n’avait décidemment jamais de chance, avec les hommes qu’elle aimait vraiment. Mais lui, c’était différent, elle l’admirait… Elle avait une passion pour lui, ça ne pouvait pas s’éteindre comme ça ! De nouveau, la jalousie s’empara d’elle. Il insistait, pour Aloysia. Si seulement elle pouvait être à la place de cette petite… Elle se retint, mais elle était hors d’elle.
- Non, je ne plaisante pas. Il m’a demandée en mariage, répéta-t-elle en se délectant de la jalousie de sa sœur.
Sa jeune sœur réfléchit à toute vitesse.
- De toute façon, cracha-t-elle, tu es déjà mariée.
Aloysia referma son éventail d’un geste sec, et leva ses yeux pleins de malice avec elle.
- Oh, mais ça, ça peut toujours s’arranger.
Constance gronda. Elle détestait sa sœur. Elle avait vraiment envie de lui envoyer le plat de gratin de chou-fleur sur son chignon trop parfait, sur son visage tout lisse de poupée, sur sa robe parfaite et sur-mesure. Retenant sa pulsion meurtrière, elle posa le plat et monta dans sa chambre. Elle aussi, pouvait paraître belle, si elle le voulait. Décidée à se changer les idées, et à calmer sa jalousie, elle ouvrit sa penderie, et commença à sortir ses plus belles robes. Elle chercha ensuite sa brosse à cheveux, et s’empressa de réunir tout son maquillage.

* * *

Elise, après avoir fait un tour en solitaire dans la ville, rentra à l’auberge, pensant trouver un peu de réconfort dans un bon livre. Elle ouvrit la porte de sa chambre, et trouva une couronne de fleurs, sur son lit, accompagnée d’un petit message. Le cœur battant, elle se précipita dessus, et remarqua qu’il n’y avait rien écrit sur le papier. Déçue, elle s’assit sur les draps, et se coiffa des fleurs bleues. En se regardant dans le miroir au-dessus de sa coiffeuse, elle remarqua qu’elles étaient assorties à ses boucles d’oreilles. Seul quelqu’un l’ayant longuement regardée aurait pu les remarquer. Elle sourit de sa naïveté. Bien sûr que non, c’était le hasard.
Elle sortit dans le couloir, et trouva une rose rouge suspendue à un chandelier consumé. Pareil, là, un bout de papier pendait de la tige. Amusée, elle s’avança, et, cette fois, put lire quelque chose.
- Per i mia bellissima…
« Finalement, c’est mieux qu’un bon livre », pensa-t-elle avec amusement. La chasse aux fleurs, voilà un jeu distrayant !
Elle hésita entre la gauche et la droite du couloir. Elle décida d’aller jeter un coup d’œil à droite, vers les autres chambres, mais elle ne vit rien. Alors, elle partit vers la gauche, dans les escaliers.
Elle trouva un petit bouquet de muguet accroché tant bien que mal à l’endroit où elle se tenait le matin-même quand Demetrio lui avait fait le baisemain.
De plus en plus prise au jeu, elle descendit les marches, et fit irruption dans l’accueil désert. Enfin, en dehors d’Hélène qui s’assoupissait sur le comptoir. Elle trouva une marguerite plus grande que la moyenne, de laquelle pendait encore un message. Veillant à ne pas réveiller la servante, elle avança sur la pointe des pieds –manquant de renverser le vase posé sur la table basse et de se prendre les pieds dans le tapis-, vers la fleur blanche, coincée derrière un cadre, représentant un paysage de campagne ou s’écoulait paisiblement une rivière. Un craquement la fit sursauter, mais elle se rendit compte que ce n’était que le feu. Les mains tremblantes, elle s’empara de la fleur, et lut en murmurant :
- Sempre per il mio dolce…
Elle ne comprenait pas tout ce qui était écrit, mais ces mots aspiraient tellement la douceur qu’elle ne se posa pas la question.
Elle prit alors l’autre porte du fond, celle où Cécilia disparaissait le plus souvent. Elle arriva dans un couloir très peu éclairé, carrelé, et où la tapisserie était un peu déchirée ça et là. Un écriteau, sur une porte, annonçait « bureau de la direction – ne pas déranger ». Elise eut soudain envie de l’ouvrir, mais elle se retint. Son regard fut attiré par deux tulipes enlacées nichées dans une des fissures du mur. Cette fois, pas de petit message. Elle continua dans le corridor, puis entendit une voix, alors elle se cacha dans un placard à balai qui se dressait là.
Demetrio passa, un bouquet de fleur de toutes sortes dans les bras, des papiers dans la main gauche, une plume dans l’autre.
- Je suis vraiment bête, se dit-il soudain, à haute voix. Elle ne les trouvera jamais, ici. Et puis, c’est une idée stupide.
Il s’arrêta un peu avant le placard à balai, s’adossa au mur et se laissa glisser, jusqu’à être assis sur le carrelage froid.
- Quanto stupido, murmura-t-il en fermant les yeux. Pourquoi est-ce que je veux toujours faire complicato, alors que je peux faire simple … ?
Elise avait envie de sortir du placard –surtout parce qu’elle avait le pied coincé dans un seau-, pour aller lui dire que, s’il était enfantin, elle l’était aussi, puisqu’elle avait suivi son jeu jusque là. Soudain, un doute l’assaillit.
Et si ce n’était pas pour elle ?
Elle s’assit sur le seau retourné, derrière elle, et se mit la tête dans les mains. Si c’était pour Hélène, et qu’il s’était juste trompé de chambre ? Elle se mordit les doigts. Lors de son petit périple à travers l’auberge, elle avait senti naître en elle une attirance pour le jeune et romantique homme. Maintenant, elle savait qu’il était trop tard pour revenir en arrière.
Plus elle y pensait, plus elle se rappelait. Dans les escaliers, c’était aussi là où se trouvait Hélène. Hélène avait les yeux bleus, comme la couronne de fleur. Elle passait le plus clair de son temps à l’accueil, et la marguerite se trouvait juste en face de là où elle s’était endormie. Les chandeliers consumés, c’était elle, la servante, qui les changeait. Les trous dans les murs, c’était aussi elle qui les comblait. Et les messages… Il n’y avait pas de nom. C’était évident, ce n’était pas pour elle.
Elle sentit que le jeune italien bougeait. Il sortit de sa poche un écrin de velours noir et le déposa au bout du couloir avec le reste du bouquet. Il repartit en regardant le sol, et Elise s’en estima heureuse, car il aurait pu remarquer que les fleurs avaient disparues. Elle entendit la porte du couloir que l’on ouvrait, et quelqu’un qui éternuait.
- Ca ne va pas, mademoiselle Maginot ?
- Si… At-chou ! Je suis juste allergique au… At-chou ! Pollen des fleurs…
Elise eut soudain très envie de rire. Mais elle entendit Demetrio qui dit :
- Mais… Il n’y a plus de fleur, ici ?
« Aïe… » pensa la jeune femme. « Décidemment, Hélène a un don pour tout gâcher ! ».
Mais Demetrio n’en fit rien, car elle l’entendit quitter l’accueil, puis les grincements des escaliers. Enfin, elle entendit Hélène se moucher. Elle calma son cœur, et se décida à sortir. Elle avait mal aux jambes à force de rester dans cette position. Ayant oublié qu’elle avait toujours le pied coincé, elle fit une chute qui aurait plié en deux même l’homme le plus sérieux de la planète. S’estimant heureuse que personne ne l’ai vue, elle épousseta ses vêtements et mit bien deux minutes à décoincer sa chaussure. Elle allait partir, quand elle se souvint de l’écrin noir, et du bouquet de fleur. Elle les prit, et sortit par une petite porte qui donnait sur le jardin des Weber.
Instantanément, elle se trouva mouillée.
Elle entendit un éclat de rire, puis un deuxième. Mécontente, elle enleva les mèches mouillées de ses yeux pour voir Sophie et Josépha, un seau chacune à la main, trempée jusqu’aux os, la mâchoire claquante à cause du froid, mortes de rire. Elise posa ses fleurs, se jeta sur un des seaux qui restait encore à côté de la fontaine, le remplit et balança son contenu sur Sophie, qui émit un cri suraigu, avant de se jeter, elle aussi, sur la fontaine. Avant qu’elle ne puisse l’atteindre, elle se prit le reste du seau de la jeune Wagner en plein visage. Josépha tomba dans l’herbe, tellement elle riait, et Sophie avait mal au ventre. Elise voulut remplir de nouveau, mais Sophie la tira en arrière. Elles s’écroulèrent de rire en même temps dans l’herbe, et la jeune Wagner commença aussi à claquer des dents. Josépha, chancelante sur ses jambes, avança vers la fontaine.
- Non, non, noooon ! cria Elise quand elle vint tout lui vider sur la tête.
Et elles se remirent à rire. En hoquetant, la jeune Wagner se redressa, crachant l’eau qu’il lui restait dans la bouche, et tenta de se relever avec difficulté. Ses vêtements étaient trempés, ce qui la gênait pour bouger. Josépha lui tendit la main, pour l’aider, mais Elise, méfiante, se débrouilla autrement.
Dès qu’elle fut debout, elle s’attendait à recevoir un récipient d’eau entier au visage, mais rien.
- Tu as une fleur dans les cheveux, sourit Josépha.
Elise l’enleva machinalement, et dit qu’elle rentrait se sécher. Elle fit demi-tour, et elle entendit le cri suraigu de Josépha qui lui fit comprendre qu’elle avait échappé de justesse au courroux de Sophie.
Elle récupéra ses affaires, et monta les marches de l’escalier.

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