Fiction de Mozart
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Ma fiction à moi... -Partie 2

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1Ma fiction à moi... -Partie 2 Empty Ma fiction à moi... -Partie 2 Mer 13 Avr - 5:57

Nelly Salieri ♪

Nelly Salieri ♪
♫ L'Ecrivaine ♫

Naomi Fellucci s’assit sur un des fauteuils de sa salle de théâtre. Elle appuya sa tête contre le siège, pour reprendre son souffle. La salle était déserte.
La jeune italienne tripotait nerveusement le nœud qu’elle s’était glissé dans les cheveux. On lui avait annoncé la visite de son frère. Que voulait-il, encore ?
Il devait avoir des problèmes d’argent, auquel cas elle ne pouvait pas l’aider. De toute façon, Antonio ne l’avait jamais visitée pour autre chose que de lui demander un service. Elle croisa les bras sur sa poitrine et souffla négligemment. Quelle plaie, ce frère ! Il n’avait jamais été fichu de lui rendre le moindre service, la moindre faveur ! Il évitait toujours de parler d’elle à quiconque qu’il rencontrait ! Elle était certaine que l’empereur croyait qu’il était fils unique. Quoique… Non, peut-être qu’Antonio avait annoncé l’existence de son jeune frère, Demetrio.
Celui-ci ne donnait plus de nouvelles depuis quelques temps, déjà. Peut-être était-il resté en contact avec Antonio ? Naomi n’en savait rien. On le disait marié et papa. Evidemment, l’italienne n’y croyait pas. A vingt-et-un an, c’était impossible. Enfin… L’espérait-elle. Elle se mit à fredonner un air en se levant. Ce n’était pas un chant d’opéra, c’était… Une mélodie qui lui tournait dans la tête.
- Enveloppée dans son ombre… est-ce le démon où l’ange… Méphisto, Méphisto…
- Et bien, ma chère sœur, on voit que vous n’avez pas perdu votre si jolie voix, dit une voix, près de la porte qui était l’entrée des artistes.
Naomi sursauta, et se retrouva face à Antonio.
- Toujours aussi sur tes gardes, constata-t-il tristement. Personne ne vient te manger, tu sais, Naomi.
- Merci, je sais, dit-elle sèchement. Mais je te rappelle qu’on m’a appris à être prudente. Qu’est-ce que tu veux ?
Il semblait s’être attendu à une réaction de la sorte. Il fit quelques pas sur le plancher de la scène, puis rejoignit sa sœur qui était aussi tendue que la corde d’un arc.
- Ca ne te dirait pas de venir dans l’auberge Weber, plutôt que de rester cloîtrée dans ton théâtre miteux ?
- C’est aussi le tien, Antonio, et non, je suis très bien ici. J’ai du travail, moi.
- Moi aussi.
Elle lui tourna le dos. Il l’agaçait constamment.
La porte des artistes s’ouvrit de nouveau, et la personne passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte.
- Je peux entrer ? dit l’homme avec un accent marqué.
- Oui, répondit Naomi.
- Non, fit Antonio.
- Euh… hésita l’homme.
- C’est moi qui décide, ici. Oui, entrez.
Antonio leva les yeux au ciel. Cette sœur avait un caractère de cochon.
L’homme entra. Il avait dans la vingtaine, avait les cheveux châtains-blonds en bataille, et un costume d’apparat rouge bordeaux.
- Je cherche…
- Un emploi, oui, j’avais compris, dit Naomi d’un ton cassant. Venez, nous allons discuter dans mon bureau.
Le jeune homme, qui n’était autre que Wolfgang Mozart, ne bougea pas. Il venant de prendre conscience de la personne qu’il avait en face de lui. C’était une femme, aux cheveux très longs et raides, habillée d’une robe noire, et tenant, dans ses mains recouvertes des gants noirs en satin, un paquet de partitions.
Elle aussi, s’arrêta un moment. L’homme était charmant. Il semblait dans un piteux état. Ses yeux étaient marqués de cernes violettes, et son visage était ravagé par le chagrin. Elle l’entraîna vers sa table. Antonio, amusé, voulut les suivre, mais Naomi lui fut clairement comprendre, par un simple regard, que c’était une mauvaise idée. Irrité, il fit demi-tour. Elle l’agaçait constamment.

* * *

Constance acheva enfin une lettre qui lui sembla bien. Satisfaite, elle la relu, puis la plia soigneusement avant de la remettre soigneusement dans son enveloppe parfumée. Elle allait la glisser dans un tiroir de sa table quand sa mère entra, la faisant sursauter.
- CONSTANCE !! Ca fait une demi-heure que je t’appelle !!
- Iiih ! cria Constance. Ca va pas d’entrer comme ça ?! Tu ne pourrais pas frapper ?!
- C’est toi que je vais frapper si tu ne sors pas de là et que tu ne vas pas faire la lessive !! Mon Dieu, mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter des filles pareilles ?! Allez, on s’active !
Constance fit disparaître la lettre sous un papier, puis sortit, furieuse.
Cécilia sortit en fermant la porte, et disparut de l’autre côté du couloir. Profitant que le couloir soit désert, Sophie, après s’être assurée que personne ne la voyait, entra dans la chambre de Constance. Elle se mit à regarder sous le lit, sous le bureau, sous les oreillers, puis sur le bureau. Elle bougea un peu tout, et trouva ce qu’elle cherchait : la lettre. Avec un cri de victoire, elle la glissa dans sa jarretière, puis sortit en fermant la porte.
Une fois enfermée dans sa chambre, elle entreprit de décacheter l’enveloppe sans trop l’abîmer, mais, tellement pressée de bien faire, elle ne parvint qu’à la déchirer davantage.
- Rho, bougonna-t-elle.
Fait pour fait, elle acheva l’enveloppe, et en sortit le parchemin rosé. En gloussant, elle se plongea dans la lecture.

* * *

Aloysia arriva au théâtre un quart d’heure plus tard. En veillant à ne pas laisser traîner sa robe, elle entra par la porte des artistes. Dès qu’elle entra dans la salle obscure, elle entendit :
- Décidemment, la porte des artistes sert plus que la porte d’entrée. Cherchez l’erreur.
La Weber plissa les yeux pour apercevoir Naomi, assise sur la scène, les jambes pendant dans le vide, l’air mécontent.
- Je … Suis en retard ? demanda la cantatrice.
- Non, Aloysia, vous n’êtes pas en retard. Enlevez-moi un doute… Mon frère, Antonio, il ne séjourne pas chez vous, n’est-ce pas ?
- Non… Je ne pense pas… Je ne sais pas… J’ai croisé une voiture, sur le chemin. S’il venait de l’auberge, c’aurait pu être lui dedans. Il est venu en voiture ?
Aloysia entendit sa patronne jurer dans ses dents, avant de répondre à l’affirmative. La cantatrice se demanda pourquoi cela la dérangeait tant que ça. A ce moment, quelqu’un sortit de l’ombre, et se figea.
- Aloysia ?! s’exclama Wolfgang.
Celle-ci écarquilla les yeux. Mais que faisait-il là ? Et si mal habillé ? Et en si mauvaise compagnie ?
- Ben tiens ! Ne veniez-vous pas de m’assurer que vous ne connaissiez personne ici ?
- Si, mais… Je ne savais pas que les Weber étaient ici ! se défendit le musicien. Aloysia ! Vous m’avez manqué ! A Paris, je n’ai pas arrêté de penser à vous… Tenez, je vous en ai rapporté cette aria !
- Une aria ? s’exclama la cantatrice, dédaigneuse. Mais… Des mois sont passés ! Et depuis, j’ai été engagée à l’opéra !
- A l’opéra ! se réjouit le musicien.
Il s’approcha d’elle, mais elle le repoussa, en cinglant :
- Et je croule sous les meilleures partitions.
Naomi laissa échapper un rire sans joie. Elle jouait avec lui comme un chat avec une souris. Elle espérait que la souris se montrerait plus maline, tout de même.
Aloysia s’écarta et lui tourna le dos.
- Aloysia… gémit Wolfgang. Je suis là, devant vous… Prêt à vous servir… Je veux partager votre vie, je veux vous épouser.
Elle se sentit tout d’un coup mal. Elle ouvrit son éventail et s’éventa le plus qu’elle le put.
- Excusez-moi, monsieur Mozart, mais je suis fiancée. Cela sera malheureu… Euh… Impossible.
- Fiancée ? répéta Wolfgang.
Elle lui montra sa bague. Il sembla perdu. Une cloche sonna au loin.
- Aloysia, c’est l’heure du concert, dit timidement Naomi. Monsieur Mozart, s’il vous plaît… (Elle indiqua la porte du doigt) La sortie est par ici.
La mort dans l’âme, le musicien se dirigea vers la porte. Aloysia sentit son cœur se serrer, mais elle revêtit de nouveau son masque de femme impitoyable, puis grimpa sur la scène, où quelques musiciens commençaient à s’installer. Naomi descendit, décontenancée du manque d’émotion de sa cantatrice.
Les spectateurs commencèrent à arriver, et l’Italienne disparut dans son petit appartement.


Chapitre 2 :
D’autres arrivées inopinées…

Lors du repas du midi, Sophie ne put s’empêcher de retenir des gloussements à chaque fois qu’elle regardait Constance, qui, elle, commençait à en avoir marre. Au milieu du repas, après un énième fou rire de sa sœur, elle se leva, manquant de renverser la table, et sortit de la pièce, furieuse.
Astrid Sassou, l’aventurière, discutait avec Cécilia, tandis qu’Hélène piochait maigrement dans son assiette. Comme elle s’y attendait, elle entendit Eleonore, à l’autre bout de la table, lancer :
- Tu penses à ton amoureux, Hélène ?
Celle-ci sursauta. Déjà, parce qu’on lui adressait la parole, mais aussi parce que quelqu’un avait réussi à mettre les mots « amoureux » et « Hélène » dans la même phrase, ce qui n’étais jamais arrivé. Elle sentit le feu lui monter aux joues, et choisit de ne pas répondre.
- Son amoureux ? s’étonna Josepha. Qui ça ?
- Oh, un charmant jeune homme, qui vient d’arriver, rit la Weber en se servant de légumes. N’est-ce pas, Elise, qu’il est charmant ?
Cette dernière vira instantanément au rouge, ce qui fit un joli assortiment avec la sauce tomate qu’elle avait dans l’assiette. Elles étaient maintenant deux, autour de la même table, à avoir le visage pourpre.
- Qu’est-ce que tu racontes, toi ?! s’énerva-t-elle.
Eleonore comprit, et choisit de ne pas aller plus loin. Sophie repartit dans une crise de fou rire. Mais tout le monde se tut quand Antonio entra. Hélène et Elise échangèrent un regard, et manquèrent d’éclater de rire. Elles étaient autant rouge l’une que l’autre !
- C’est bien calme, par ici, constata le musicien.
Seul le silence lui répondit. Tout le monde le regardait d’un air consterné. Antonio arqua les sourcils, puis tira une chaise. Il s’assit entre Josepha et Cécilia. En face d’Elise. Qui avait les joues cramoisies, mais qui se ressaisit. Peu à peu, le sang reflua de ses joues, et elle retrouva une couleur normale. Les conversations renaquirent progressivement, tandis qu’Antonio détaillait toutes les personnes présentes autour de la table. Il se sentait mal à l’aise d’être le seul homme.
Lorsque tout le monde fut repu, ils se levèrent, laissant à Hélène le soin de tout ranger. Celle-ci râla, lorsqu’elle se retrouva toute seule, des mauvais traitements qu’infligeaient les allemands à leurs domestiques.
- Je suis entièrement d’accord avec vous, lui répondit Antonio, qui n’était toujours pas sorti. C’est pour ça que je n’engage pas de domestiques. Je serais trop tenté de tout lui remettre sur les épaules.
Hélène fronça les sourcils. Ah ! Elle était facile, la vie des bourgeois ! Elle se mit à débarrasser la table en empilant les assiettes. Antonio comprit qu’elle essayait de faire le plus de bruit possible pour ne pas engager une conversation. Il se demanda ce qu’il avait fait pour, et s’assit sur une chaise, en attendant qu’elle n’est plus d’assiettes à empiler, puisque, sans, elle ne pouvait pas faire de vacarme.
Elle se retrouva un peu bête quand elle se rendit compte qu’il avait compris. Elle le fixa dans ses yeux marron, et remonta ses manches pour tremper ses mains dans l’eau brûlante.
- Je peux vous aider ? proposa galamment l’homme.
Hélène eut une irrépressible envie de lui répondre « non, vous faites très bien la décoration », mai elle se retint. Alors, sans attendre sa réponse, il se leva, et la rejoignit pour faire la lessive. Le bac étant étroit, elle se sentait mal à l’aise de cette proximité, même si celle-ci ne la dérangeait pas le moins du monde.
Ils n’échangèrent rien d’autre que des regards durant tout le temps que dura la vaisselle, et c’est Hélène qui rompit le pesant silence, lorsque le dernier verre fut essuyé et rangé.
- Merci beaucoup.
Il lui répondit en souriant, la salua d’un baisemain, et quitta la cuisine. Hélène était aux anges. Elle aurait eu envie de crier sa joie mais quand elle vit l’état du sol, elle se ravisa. La vraie vie l’attendait.
En maugréant, elle se remit au travail.

* * *
Un cri déchirant rompit la quiétude de ce début d’après-midi. Une furie habillée en bleu fondit sur sa sœur, qui ne vit rien arriver.
- SOPHIE !!! hurla Constance, folle de rage. MA LETTRE ?! ELLE EST OU MA LETTRE ??!!
Toute l’auberge, dérangée dans sa sieste par la brusque poussée d’adrénaline de Constance, se précipita sur les lieux pour voir ce qui se passait.
- Qu… Quoi ?!
- MA LETTRE !! Je sais, maintenant, pourquoi tu te marrais comme une andouille, à table ! J’exige que tu me la rendes TOUT DE SUITE !!
Sophie, tombée par terre sous le choc, eut un sourire crispé. Elle aurait cru que les yeux de Constance allaient sortir de ses orbites.
- Ca ne va pas, Constance, de crier comme ça ? Tu veux que ta pauvre mère fasse une crise cardiaque ?! s’énerva Cécilia en les rejoignant.
Sophie tendit le parchemin rosé et froissé à sa mère, mais Constance l’attrapa au vol. Si son regard avait pu tuer, Sophie serait morte une bonne douzaine de fois. Dix minutes plus tard, le calme était retombé.
Elise, assoupie dans un des fauteuils de l’accueil, n’entendit pas la personne qui toquait à la porte de l’auberge. Seule Hélène l’avait entendue. Résignée, elle ouvrit, et se trouva nez à nez avec Wolfgang Mozart.
- Euh… Bonjour, dit celui-ci. Je vous dérange ?
- Non, pas du tout… Vous voulez une chambre ?
Il la dévisagea, et elle se sentit de nouveau rougir.
- Vous pensiez que je venais pour quoi ?
- Pour réserver une chambre, reconnut-elle.
Elle le fit entrer, se sentant de plus en plus ridicule. Elle lui demanda pour combien de temps il comptait rester.
- Je ne sais pas.
- Merci, vous êtes gentil, mais j’écris quoi, moi, sur le registre ?
- Indéterminé, je suppose .
La gouvernante jeta un œil dans les noms déjà inscrits, il y avait déjà des endroits où c’était marqué « Indéterminé ». Ses oreilles commençaient à chauffer tellement elle se sentait bête et honteuse de ne pas être plus maline.
- Euh… Oui, je vais faire ça. Euh…
Elle jeta un œil à toutes les clés qu’elle avait sous le comptoir, et elle se demanda comment elle faisait pour savoir laquelle ouvrait une chambre d’une place, et laquelle non. Puis elle se rendit compte que c’était marqué au-dessus.
- Voilà ! dit-elle joyeusement en tendant une clé marquée « 1 ». C’est la chambre 24. Je ne pourrais pas vous dire où c’est, alors je pense que vous allez devoir visiter un peu.
Le musicien la regarda et se mit à rire. Elle le rejoignit, puis il la remercia avant de sortir. La gouvernante s’accouda au comptoir, se mit la tête dans les mains, et murmura pour elle-même :
- Mais quelle empotée ! Je suis vraiment le pire des boulets…
- Bah, tu te débrouilles plutôt bien, puisque les proprios ne t’ont rien expliqué, dit Elise, qui s’était réveillée.
- Tu veux dire que… (elle réfléchit vite), elles font exprès ?
Elise hésita.
- Cécilia ne veut pas de gouvernante. Ca coute trop cher.
Des clients entrèrent. Les deux femmes se turent.
La première avança d’un pas résolu vers Hélène, qui prit peur.
- C’est vous, la patronne ?
La femme avait des cheveux courts, un peu en bataille, mais sans pour autant enlever quoi que ce soit à son charme. Elle était sans doute plus vieille qu’Hélène, peut-être un ou deux ans de plus.
- Non, répondit la rouquine. Je suis…
- Puis-je voir la patronne ?
Un doute naquit soudain dans l’esprit d’Hélène. Et si cette femme était là pour devenir la gouvernante des Weber ?
- Euh… Je… J’ignore où elle est, répondit-elle. Je vais la chercher.
- Laisse, dit Elise, je m’en charge.
Elle se leva, et sortit.
- Qui êtes-vous, tenta Hélène.
- Je m’appelle Mariana Leonelli. Je suis là pour l’annonce.

* * *

Après son chant, Aloysia regagna sa demeure à pied. Sur le chemin, elle croisa des hommes qui louchaient sur sa robe avantageuse, mais elle n’en tint pas compte. En fait, elle ne se rendit même pas compte que son futur mari l’avait rejointe.
- Ma tendre, ma belle Aloysia ? Que se passe-t-il ? Tu as l’air contrariée…
- Moi ? Non, pas du tout !
Elle se força à sourire, mais il fronça les sourcils, soucieux.
- Tu me caches quelque chose, mon amour.
Elle fit « non » de la tête, et dit qu’elle rentrait à l’auberge.
- Tu ne veux pas… commença-t-il.
- Non. Je rentre. Seule. A plus tard.
- Même un restaur…
- Non !
Il ouvrit la bouche, hébété, et elle le laissa planter là, au milieu du chemin. Il était riche, beau, mais c’était une vraie sangsue !
Elle pénétra dans l’accueil de l’auberge. Un homme, debout, près de la porte, se tenait droit, les mains dans le dos. Deux femmes, face à face, semblaient passionnées du sujet duquel elles étaient en train de débattre. Hélène, elle, tentait de lire le règlement de l’auberge, en plissant les yeux.
La cantatrice toussota pour attirer l’attention des personnes présentes, et Hélène se retourna vers elle.
- Ah ! Aloysia ! s’exclama-t-elle en la reconnaissant. Votre concert s’est bien passé ?
- Bien, merci.
Voyant que personne d’autre ne s’intéressait à elle, elle quitta la pièce, au moment où Cécilia entrait, avec Elise, d’une autre porte.
- Qui est là pour l’annonce ? s’enquit l’aînée.
- Moi ! répondit Mariana en se levant d’un bond. Garance, pourquoi ne pas vous inscrire sur le registre ?
L’autre femme qui parlait, qui était visiblement Garance, alla s’inscrire auprès d’Hélène, tandis que Cécilia installait Mariana dans un des fauteuils.
- Donc… Qui êtes-vous, d’où venez-vous ?
- Mariana Leonelli, je viens de Rome, en Italie. J’ai déjà travaillé au service de plusieurs familles, notamment la famille Loconte, pour laquelle j’ai travaillé plus de six ans.
Cécilia demeura pensive.
- Très bien, je vous prends à l’essai, comme l’autre, là-bas. Vous partagerez la même chambre, par contre. Arrangez-vous comme vous voulez. Sinon, c’est le prix d’une chambre.
- Moi, ça ne me dérange pas, dit Hélène. Il y a deux couches.
L’italienne dit qu’elle non plus, cela ne la dérangeait pas, et elle monta pour s’installer.
La salle se vida alors un peu. L’homme ne bougea pas, et ne dit toujours rien. Il fixait le sol, comme s’il cherchait à y compter le nombre de grains de poussière. Cécilia et Elise sortirent, il ne resta donc que Garance et Hélène.
- Je vous inscris à quel nom, madame ?
- Mademoiselle, je vous prie, corrigea l’inconnue. Garance, s’il vous plaît. Pour une nuit.
- Très bien. Je vous donne la chambre 26. Tenez.
La cliente prit la clé, et quitta l’accueil. Il ne restait que l’homme –qui ressemblait étrangement à Antonio Salieri- aux cheveux courts, qui fixait le sol.
- Je peux faire quelque chose pour vous, monsieur ? s’enquit la gouvernante.
Celui-ci releva le regard vers elle, et fit « non » de la tête.
- Euh… Vous voulez… Rester là ?
- J’attends un musicien, répondit-il de sa voix jeune et claire.
La rouquine jeta un œil à son registre.
- Mozart ou Salieri ? demanda-t-elle.
- Salieri.
- Je vais vous le chercher.

Elle sortit de la pièce, laissant l’homme seul.
Elle grimpa les escaliers quatre à quatre, et frappa à la porte 24.
- Oui ? dit Wolfgang en ouvrant la porte.
Hélène vira au rouge.
- Oups ! Je me suis trompée ! Je cherchais…
- Ce n’est pas grave, mademoiselle.
- Au revoir !
Et elle partit en courant dans le couloir, en essayant de calmer son cœur. Elle se rendit compte qu’elle ne savait pas du tout dans quelle chambre se trouvait le musicien.
- Mais quelle andouille, vraiment, murmura-t-elle.
- C’est dans les coutumes des français, de s’insulter constamment ? demanda une voix, derrière elle. C’est la deuxième fois dans la même journée, là !
Hélène reconnut Elise, et eut un maigre sourire.
- C’est dans l’habitude des malchanceux de la nature, des moins que rien, qui ne font que se rappeler ce qu’ils sont.
- Tu te sous-estime beaucoup.
La rouquine fit la moue. Si elle était plus maline, elle n’aurait pas besoin de « s’insulter » tout le temps.
- Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda une voix masculine, juste derrière Elise.
- Ah ! s’exclama la servante. Je vous cherchais !
Elise la dévisagea, mais Antonio lui proposa son bras pour qu’elle le guide. Le cœur battant à tout rompre, elle s’y accrocha, comme si sa vie en dépendait, et l’entraîna vers les escaliers.
Elise ouvrit la bouche de stupeur. Elle avait compati avec une femme qui lui prenait un homme sous le nez ? Elle se ressaisi. Dégoûtée, elle entra dans sa chambre, échafaudant un plan d’action.

* * *

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