Fiction de Mozart
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Ma fiction à moi ... -Partie 3

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Nelly Salieri ♪

Nelly Salieri ♪
♫ L'Ecrivaine ♫

Hélène descendit les escaliers le plus lentement possible, appréciant une fois de plus la proximité de cet homme si charmant. Malheureusement, elle perdit son sourire en voyant qu’une autre cliente l’attendait en bas.
- Mais c’est pas vrai ! chuchota-t-elle. C’est tous les jours l’usine, comme ça ?
- Je n’espère pas pour vous ! rit Antonio. Oh !
Il venait de reconnaître le garçon qui attendait, près de la porte.
- Demetrio ! s’exclama-t-il avec un sourire (à fondre, reconnut Hélène).
Le visage du plus jeune s’éclaira pour la première fois. Ils se mirent à parler en italien très, très vite. Hélène fut décontenancée, et échangea un regard de détresse à la femme qui était là. Elle avait les cheveux mi-longs, et des yeux verts perçants. Elle portait, en bandoulière, un sac noir, plein à craquer, et, à la main, une sacoche, visiblement pleine de papier. Vêtue simplement d’une robe en cloche grise et noire, elle semblait amusée de la situation.
- Molto tempo fa che noi non li vedo ! disait Antonio, à une vitesse fulgurante.
- E’vero ! répondit l’autre. Avete visto Naomi ?
- Si, proprio ora…
- Euh… Excusez-moi, messieurs, les interrompit la femme, mais nous aimerions peut-être nous joindre à la conversation…
Antonio se retourna, et ses yeux regardèrent la femme de la tête aux pieds. Hélène sentit une vague de jalousie déferler en elle, quand elle remarqua la lueur d’admiration dans les yeux noisette de l’homme. Elle croisa alors le regard de celui qui portait le nom de Demetrio.
La femme sortit de son sac un éventail noir, et s’éventa quelques coups, faisant voler ses cheveux en arrière, dévoilant un magnifique collier. La servante se sentit écrasée devant le charme de cette femme, qui en jouait. Voyant qu’Antonio était… Envoûté, elle rompit le charme.
- Mademoiselle, vous vous enregistrez ? J’ai des lits à aller préparer.
D’un geste sec, elle ferma son éventail, remis ses cheveux en place, et d’approcha du comptoir. Hélène remarqua que le musicien suivait le roulement des hanches de la femme, ce pourquoi elle ferma les yeux.
- Oui, mademoiselle, je m’enregistre. Isobelle Delacour.
Hélène hésita, croyant avoir mal entendu.
- Isabelle Delacour ?
- Isobelle Delacour. Avec un O comme… Orga…
- J’ai compris, la coupa Hélène, qui sentait encore une fois le feu lui monter aux joues.
Elle lui remit la clé, croyant qu’elle allait partir, mais elle comprit que sa cliente n’en avait pas l’intention.
- Monsieur… Demetrio ? C’est bien ça ? demanda la rouquine.
Le frère d’Antonio confirma d’un signe de tête.
- Vous voulez passer une nuit à l’auberge ?
L’italien, silencieux, mais bien charmant, fit un sourire timide et s’approcha du comptoir.
- Oui, s’il vous plaît. Trois nuits, s’il vous plaît.
- Et vous, Isobelle ? (Elle appuya bien sur le « o »). Vous restez combien de temps ?
- Autant qu’il le faudra ! répondit-elle sans quitter le musicien des yeux.
Hélène eut envie d’écrire « 0 », puisqu’elle l’avait déjà dans la poche, mais elle écrivit « indéterminé ». En espérant que ça ne serait pas trop longtemps.
- D’accord… Bon, et bien… Je vais devoir fermer l’accueil, mademoiselle et messieurs, tenta-t-elle.
- Vous écrivez bien, remarqua le jeune italien. On dirait les vieux manuscrits.
Hélène se demanda si c’était un compliment, puisqu’elle avait souvenir que les vieux manuscrits étaient de vieux bouquins miteux et illisibles. Eleonore entra, l’air occupé, puis s’affaissa dans le canapé, visiblement exténuée.
- Je suis morte ! dit-elle. On a deux gouvernantes, et je travaille comme si on n’en avait aucune !
- C’est parce qu’il y a beaucoup de monde, répondit Hélène, plongée dans la lecture des noms des résidants.
- Possible… répondit la jeune Weber.
- Euh… Mademoiselle ? demanda le jeune Salieri. Je n’ai pas ma clé…
- Oups… Désolée !
Elle lui tendit la clé, et il voulut garder sa main dans la sienne, mais, mal à l’aise, la servante la retira prestement… Evidemment rouge jusqu’aux oreilles. Demetrio, décontenancé, baissa les yeux et rangea la clé dans la poche intérieure sa veste.
- Eleonore ? demanda Hélène. Tu peux guider ce monsieur à sa chambre ?
- Non, la flemme. Débrouille-toi.
Hélène dut tirer une tête bizarre, car Demetrio éclata de rire. Du coup, Isobelle l’imita, mais Antonio était toujours fasciné par cette charmante créature, et il n’avait pas le cœur à rire.
Hélène fit signe au plus jeune des deux hommes de la suivre, ce qu’il s’empressa de faire, ravi. Dans l’escalier, elle croisa Elise, qui écarquilla les yeux, stupéfaite de la voir passer avec une copie miniature d’Antonio.
- C’est quoi, ça ? s’étonna-t-elle.
- Le petit frère.
Celui s’arrêta net, s’inclina devant la jeune Wagner, et lui fit un baisemain. Ce qui était un peu inconfortable, dans l’escalier, mais bon. Elise ne s’en plaignit pas. Hélène leva encore les yeux au ciel. C’était pas trop sa journée.

* * *

Mariana plia son énième drap, et le posa sur la pile, qui commençait à devenir importante. Découragée, elle constata qu’il en restait encore une bonne vingtaine, et elle choisit de redoubler d’effort pour essayer de se débarrasser le plus rapidement possible.
Elle repensa à l’Italie, son pays natal. En venant ici, elle s’était dit que ce qui lui manquerait le plus, ça serait le soleil. Mais c’était faux.
Après six ans passés à leur service, Mariana se rendit compte qu’elle avait toujours ressenti quelque chose pour le fils de la famille qu’elle servait… Pour le petit Mikele. Il était vrai que, en y réfléchissant bien, il était adorable. Toujours au service de ceux qui en avaient besoin, et serviable en toute circonstance. Et … Tellement attirant, par ailleurs.
Elle remarqua qu’elle n’était plus aussi efficace quand elle pensait à lui, c’est pour ça qu’elle chassa cette pensée de son esprit. Mais, sournoise, elle revint, en lui glissant ces quelques mots à l’oreille : Anima Nuvola, Anima Nuvola.
Une mélodie lancinante revint à ses oreilles, celle que chantait son petit Mikele… Qui n’était plus si petit comme ça, à présent. Quel âge avait-il ? Vingt-deux ans ? Vingt-trois ? Elle ne savait plus. Mais elle l’avait connu étant adolescent. Et déjà, elle était tombée sous le charme de ce garçon attirant et plein de talent.
Elle réfléchit plus intensément. Elle avait commencé à servir les Loconte à dix-huit ans. Mikele avait alors seize ans. Si elle était restée six ans, cela voulait dire qu’il en avait vingt-deux. « Soit toujours deux ans de moins que moi », songea-t-elle.
La musique d’Anima Nuvola, âme nuage, la hanta pendant tout le reste de sa corbeille de draps. Elle la chantonnait d’un air évasif lorsque Constance fit irruption dans la salle, faisant sursauter l’italienne, qui revint tout d’un coup sur le sol sur d’Allemagne.
- Ah ! Vous avez fini ! Tant mieux ! Donnez-moi la corbeille, je dois aller faire les nouveaux lits et …
Elle continua son monologue en prenant la corbeille et en sortant de la laverie. Josépha entra à sa suite, constata que quelqu’un était passé avant elle, et quitta la salle illico. L’italienne se défit de son tablier, et se dirigea vers la cuisine pour préparer le dîner. En passant près d’une porte entrouverte, elle entendit une voix masculine dire :
- Chère Elise… Non, c’est trop banal… Mio Dio… (Mon Dieu, en italien ^^), on ne m’avait jamais dit que c’était si étrange, l’amour.
Mariana passa la tête pour voir de qui il s’agissait, elle reconnut le jeune Salieri, Demetrio, la tête dans la main gauche, une plume dans la droite.
- Mia Elise, poursuivit-il en griffonant quelques mots sur le parchemin.
Il marqua un temps, regarda en l’air, puis se dit à lui-même :
- Pourquoi les mots me viennent-ils en italien, et pas en allemand ? On dirait que je suis fâché avec cette langue…
Et il murmura, les yeux fermés, comme en proie à une transe :
- Sei bellissima e affascinante…
Entendant des pas dans le couloir, Mariana cessa d’écouter les divagations du jeune homme, et se dirigea d’un pas pressé vers les escaliers de bois.
Elle dévala les marches et déboula dans la cuisine où Eleonore mélangeait du chocolat fondu dans une pâte à gâteau odorante, qui avait déjà envahi la cuisine. Le chocolat se mélangea avec la pâte, joignant son parfum sucré à celui déjà présent. Le ventre de Mariana se mit soudain à en réclamer, et elle cacha les lamentations de son ventre par un grand sourire, auquel la jeune Weber répondit, en récurant le plat plein de chocolat à l’aide de sa cuiller.
La jeune et belle italienne dut se retenir d’éclater de rire, quand elle vit qu’Eleonore s’en était mis partout, mais celle-ci avait compris, alors elle tendit la cuillère à sa servante, pour qu’elle partage ce petit plaisir de la vie.
Lorsque le plat fur propre à remettre dans le placard, elles constatèrent que le gâteau semblait bien maigre, à côté de leur ventre bien rempli.
- Bon, moi, c’est réglé, blagua Mariana, je ne mangerais plus de chocolat, j’ai eu ma dose jusqu’à la fin du mois !
- Oui, moi, renchérit Eleonore, je ne pourrais plus avaler quelque chose qui sort d’une fève de cacao !
Repue, elles s’assirent sur les chaises pour tenter de digérer un peu, quand Aloysia entra.
- Qu’est-ce que vous faites ? s’étonna-t-elle en les voyant dans cet état.
- Une indigestion, je crois, railla Eleonore.
Aloysia s’assit, préoccupée.
- Quelque chose ne va pas, sœurette ? s’enquit la plus vieille en tentant de se relever.
- Oui, reconnut-elle. J’ai revu Mozart.
Mariana s’aida de la table pour se remettre debout sans à avoir mal au ventre, et elle se rendit compte du froid et de la tension qui s’étaient installés
Elles demeurèrent pensives.
- Et Constance aussi est amoureuse de lui, continua la Weber. Moi, je n’étais pas là, quand il est arrivé. J’étais chez ma tante, en Pologne. J’ai le chic pour être absente quand il se passe des choses intéressantes, moi.
La porte de la cuisine s’ouvrit sur Isobelle, qui semblait ravie et guillerette. Elle prit une chaise à côté de l’Italienne, et demanda :
- Bonjour tout le monde ! Je vous dérange ?
- Pas du tout, répondit Eleonore. D’où venez-vous, vous ?
- De France. Près d’Orange.
Mariana n’avait jamais été en France. Elle savait que les Loconte y avaient vécus, mais… Non. Elle se fit violence pour ne plus penser à eux. C’était du passé, elle ne les reverrait jamais. Son cœur se serra.
- Francia… dit-elle en murmurant. Bellissima paese, ma modo piccolo…
- Dites-moi, madame, dit Isobelle, vous me semblez bien mélancolique. Quelque chose ne va pas ?
L’italienne expliqua que son meilleur ami lui manquait, et Isobelle révéla qu’elle avait dû laisser son groupe d’amis –et de musiciens- dans le sud de la France, et qu’elle était dans le même cas.
- Vous êtes musicienne ? se réjouit la jeune Weber.
- Chanteuse, plus exactement. Cantante, dit-elle en italien.
- Splendido ! s’exclama l’italienne. Vous chantez de l’opéra ?
- Je suis un peu touche-à-tout, disons.
De nouveau, le silence s’installa, mais Eleonore continuait de fixer Isobelle.
- Vous, par contre, vous semblez loin de la mélancolie. Il se passe quelque chose ?
La française ferma les yeux, comme si elle savourait cette question, qu’elle semblait attendre depuis longtemps, mais elle ne répondit rien. Malgré l’insistance des deux autres, elle ne dévoila pas un mot, puis prétexta avoir des choses à faire avant de se lever et de quitter la table.
Elle monta les escaliers, ralentissant le pas au premier étage, comme si elle attendait que quelqu’un ne se montre. Mais personne n’en fit rien. Elle gagna sa chambre, où elle s’était largement installée. Sur la coiffeuse était déposée sa trousse de toilette. Enfin, non. Sa trousse de toilette et ses deux trousses de maquillage, pour être plus juste. Sur le lit, son sac venait à peine d’être déballé : ses cinq éventails étaient tous étalés près des oreillers, et ses vêtements étaient répartis en piles catégoriques. La sacoche de cuir refermant ses partitions était soigneusement posée sur le rebord de la fenêtre ouverte sur le petit jardin fleuri des Weber. Alors, Isobelle entendit des voix. Curieuse, elle se rapprocha du rebord de la fenêtre, pour voir de qui il s’agissait, et elle fut déçue de découvrir que ce n’était que Sophie et Josépha, qui s’amusaient à se lancer à la figure des seaux pleins d’eaux remplis à la fontaine.
« Dommage », pensa-t-elle, « je n’aurais pas de ragots intéressants, par ici ».
Elle ferma la fenêtre après avoir récupéré sa sacoche, puis se plongea à la recherche de distraction dans sa valise. Quelqu’un toussota pour attirer son attention, et les yeux de la jeune femme rencontrèrent des chaussures noires bien cirées, à moins d’un mètre d’elle. Lentement, elle monta le regard vers le visage de l’homme. Antonio Salieri.
Elle fut d’abord contente de le voir, puis elle se rendit compte qu’elle était accroupie à côté de son sac, donc pas forcément dans la position la plus avantageuse pour elle. Elle se redressa, en priant pour que ses genoux n’aient pas la mauvaise idée de craquer à ce moment-là, et arriva enfin à la hauteur du visage du compositeur. Celui-ci ne laissait transparaître aucune émotion, aucune pensée qui pourrait lui traverser l’esprit. Il semblait… Fermé. Clos comme une huître.
- Bonjour, monsieur Salieri, dit-elle. Vous avez besoin de quelque chose ?
- Pas quelque chose, non, juste prendre l’air. Vous m’accompagnez ?
Le cerveau de la jeune française tourna à cent à l’heure, et son cœur fit un saut périlleux dans sa poitrine. Il l’invitait, donc, elle l’intéressait. Mais il se montrait froid, et peu aguicheur. Elle n’avait jamais eu affaire à ce genre de situation. En France, les hommes avaient plutôt tendance à l’inviter dans une chambre, plutôt qu’à l’en sortir.
- Bien entendu.
Elle prit son éventail noir, et saisit le bras que lui tendait le compositeur. Après tout, il pouvait s’agir d’une simple sortie. Amicale. Rien que ce mot là ne plaisait pas à la jeune française.
Ils sortirent dans le doux après-midi. Isobelle frissonna. Plus habituée aux après-midi chauds que doux, elle avait pensé à l’éventail, mais pas au gilet. Elle se sentit bête. Elle allait mourir de froid pour son vrai premier rendez-vous galant. Qui n’en était peut-être même pas un.
Voyant qu’elle avait froid, Antonio passa son bras autour de ses épaules, et l’attira un peu contre lui. Il se sentait mal à l’aise, pour la seule et bonne raison qu’il n’avait jamais approché une femme de cette façon dans ce contexte. Ils attendirent ainsi peut-être deux ou trois minutes, qui parurent interminables à la jeune femme.
Enfin, une calèche, menée par deux chevaux, s’arrêta pile devant eux, en crissant sur les dalles grises de la ruelle. Galamment, Antonio ouvrit la porte et offrit sa main à sa jeune compagne pour lui permettre de monter plus facilement. Se prenant au jeu, Isobelle se sentait reine, accompagnée de son valet.
Celui-ci monta à sa suite, et s’assit sur la banquette de velours rouge. Croyant bien faire, la jeune femme tendit la main au jeune homme, qui ne sut pas trop quoi en faire. Il la prit maladroitement, déposa un baiser dessus et la reposa. Un peu brusquement. Tous les deux détournèrent les yeux, regardant chacun dans leur petit hublot les rues et les gens défiler. Un silence pesant s’installa.
Isobelle se sentait mal. A présent, elle avait trop chaud. Elle s’éventa, mais elle se rendit vite compte que la chaleur venait du sang qui affluait à ses joues, qui lui donnait ainsi un teint cramoisi.
Antonio, lui, se traitait mentalement de tous les noms. Il n’avait jamais été fichu de séduire une femme. Et voilà qu’il en invitait une pour une promenade. Pas n’importe laquelle, en plus. Une des plus belle qu’il avait rencontré jusqu’à aujourd’hui. Peut-être la plus belle.
Il lui jeta un œil. Elle regardait l’extérieur, semblait malheureuse. Le musicien s’en voulut de lui faire subir ça. Il continua à s’insulter mentalement de tout ce qui lui passait par la tête.

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