Hélène s’était de nouveau endormie sur le comptoir, et Mariana entra, une lettre dans la main. Elle la posa sur le tas de lettre à poster déjà important. Elle remua Hélène, qui sursauta.
- Quoi ? Oui ?
- On ne dort pas pendant le service, mademoiselle, rit-elle. Tu veux que je te remplace ?
La rouquine fit « non » de la tête, puis regarda l’italienne, et se rappela soudain quelque chose.
- Oh ! s’exclama-t-elle. Tu as reçu du courrier !
Le cœur de l’Italienne fit un triple bond, tandis que la servante lui tendait un petit paquet.
- Tu sais d’où ça vient ? s’enquit-elle.
- Non, pas du tout, répondit-elle. Pff, je m’ennuie…
Mais Mariana ne l’écoutait plus. Elle regardait l’écriture de son adresse. La calligraphie était celle d’un homme. Un jeune homme. Elle déchira le papier qui l’entourait, imaginant tout ce que ça pouvait être…
Des pots de confiture. De la part de son frère. Oui, elle aurait dû s’y attendre. Ses épaules s’affaissèrent. Pourquoi avait-elle espéré quoique ce soit de la part de Mikele ? Elle n’avait été que sa servante. Un objet. Elle se passa la main dans les cheveux, tic qu’elle avait quand elle était contrariée, puis s’assit dans un fauteuil. Quelqu’un entra.
Les cheveux maintenant noués en une tresse impeccable, vêtue d’une robe grise argentée, dont les petits cristaux projetaient sur les murs des dizaines de petites lumières aux couleurs des arcs-en-ciel, Naomi Fellucci s’avança. De ses mains gantées de noir, elle sortit un bout de parchemin impeccablement plié, et le tendit à Hélène, qui lut le nom de la cliente.
- Pour une semaine, dit cette dernière en réajustant son chapeau noir. S’il vous plaît.
A ses oreilles brillaient des diamants aux milles facettes, qui faisaient ainsi briller ses yeux bleus pétillants. De son teint pâle, elle faisait ressortir son rouge à lèvre, mettant ainsi en valeur la finesse de ses lèvres, la beauté de son visage.
- Euh… D’accord, fit Hélène. Chambre… 27. Voilà la clé.
La cantatrice la remercia, puis prit son sac et monta. Mariana attendit qu’elle ait disparu à l’étage, pour s’exclamer :
- Ben dis donc, celle-là ! Elle sait comment se mettre en valeur !
- Elle a de quoi, en même temps, dit Hélène, amère.
L’italienne leva les yeux au ciel.
- Tu sais ce que c’est, ton problème ? Tu te sous-estimes trop.
- Bah. J’ai des antécédents valables.
- Ah oui ? Et quoi donc ?
Elle ne répondit que deux mots, qui convainquirent Mariana de ne pas poser plus de questions :
- Ma sœur.
L’italienne inspira bruyamment. Des gens se laissaient pourrir la vie par leur famille. Elle, elle l’avait quittée bien tôt, la sienne. A une époque, elle avait même pensé à changer de nom. Mais le garder était un affront de plus à sa famille. Et puis, elle en gardait tout de même une trace, au fond d’elle, de cette façon.
- Pff, je m’ennuie, répéta Hélène, en posant sa tête dans ses bras.
* * *
La calèche se gara enfin devant l’auberge, et Antonio répéta son théâtre pour faire descendre la jeune française.
- Vous savez monter à cheval ? s’enquit-il.
La question surprit Isobelle. Les souvenirs revinrent à sa mémoire instantanément. Elle revoyait les images terrifiantes de sa dernière expédition en cheval, et bredouilla :
- Oui, mais euh… Pas en robe…
Le musicien sourit, et elle annonça qu’elle allait se changer. Elle se précipita dans l’auberge, rencontra le regard meurtrier d’Hélène, et monta le marches. Elle troqua sa robe contre une tunique noire, un pantalon en daim et un gilet de laine. Après mûre réflexion elle prit aussi une écharpe.
Elle traversa l’auberge dans l’autre sens, rencontrant une nouvelle fois le regard meurtrier de la rouquine, et rejoignit Antonio, qui n’avait pas bougé, lui sourit. On la croirait dans son élément, habillée ainsi. Il glissa une pièce dans la main du conducteur de calèche, et il les aida à détacher les deux bestioles. Ensuite, ils poussèrent le véhicule tout le long de la rue pour la ranger dans un endroit où elle ne gênerait personne. Enfin, le conducteur se dirigea vers un café, et le couple (enfin, non, le début de couple), rejoignit les chevaux.
Isobelle, tremblante à l’idée de remonter sur un animal, elle mit un pied dans l’étrier et se hissa dessus. Antonio, lui, fit ça tout naturellement. Il montait tous les jours, c’était donc plus évident. Après un regard complice, ils firent avancer leurs chevaux dans la petite ruelle, jusqu’à un champ désert. Antonio fit sauter son cheval par-dessus la barrière, Isobelle jugea plus sage de la contourner.
- La dernière fois que je suis montée sur un cheval, j’avais seize ans, dit-elle.
Le compositeur s’arrêta, puis fit tourner son animal vers elle. Elle regardait l’herbe, triste.
- Il y avait des attentats terroristes, dans ma région, poursuivit-elle. Des soldats royaux sortaient de partout et tuaient tous ceux qui avaient, à un moment ou à un autre, voulu protester contre le Roi.
Sa voix se chargea de chagrin, mais Antonio ne bougea pas, attentif.
- Mes parents en faisaient partis. Forcément, pour les soldats, moi aussi. Je prenais mon cours d’équitation, ils ont surgis. Le cheval a été plus courageux que moi. Il s’est mis à galoper, je crois que j’y étais pour quelque chose, mais je ne contrôlais rien. Même pas mes muscles. Ils ont abattu le cheval et… (Elle frissona). Je suis tombée dans le ruisseau, plein à cette saison-là. Il était prêt à déborder, et l’eau était trouble.
Ce fut au tour du musicien de frissonner. Il imaginait un peu la scène. Isobelle, plus jeune, tombant à cheval, roulant sur elle-même, dévalant une pente rocheuse et tombant dans de l’eau vaseuse et glaciale…
- Je n’avais plus d’air, mais j’ai attendu deux minutes avant de remonter. Ma vue se brouillait, mon cerveau demandait de l’oxygène.
Elle se tut.
- Et … ? risqua-t-il.
- Je suis remontée à la surface. Ils m’attendaient. Ils se sont jetés sur moi, et j’ai dû nager parmi les algues visqueuses. Ce n’était rien à côté de l’horreur qui m’attendait auprès des soldats. Alors j’ai nagé tout ce que j’ai pu. Et ils ont abandonné.
Le tableau d’horreur se tut dans l’esprit du musicien, et il fit avancer son cheval lentement vers la jeune femme.
Il la força à le regarder, et plongea ses yeux dans les siens. La tristesse en disparut.
- Merci, dit-elle en souriant.
Il se pencha en avant, et ils s’embrassèrent. Elle ne sut plus qui avait été chercher le premier, mais les autres s’ensuivirent naturellement. Le cheval d’Antonio piaffa d’impatience, et voulut avancer, mettant ainsi un terme à l’étreinte des deux amants.
Voilà ! Pour l'instant, j'en suis là, (Non, non, tapez pas, la suite arrive !), et la suite est pour bientôt !
Laissez ABSOLUMENT vos avis, ils comptent beaucoup pour moi ! Et critiquez, aussi !
- Quoi ? Oui ?
- On ne dort pas pendant le service, mademoiselle, rit-elle. Tu veux que je te remplace ?
La rouquine fit « non » de la tête, puis regarda l’italienne, et se rappela soudain quelque chose.
- Oh ! s’exclama-t-elle. Tu as reçu du courrier !
Le cœur de l’Italienne fit un triple bond, tandis que la servante lui tendait un petit paquet.
- Tu sais d’où ça vient ? s’enquit-elle.
- Non, pas du tout, répondit-elle. Pff, je m’ennuie…
Mais Mariana ne l’écoutait plus. Elle regardait l’écriture de son adresse. La calligraphie était celle d’un homme. Un jeune homme. Elle déchira le papier qui l’entourait, imaginant tout ce que ça pouvait être…
Des pots de confiture. De la part de son frère. Oui, elle aurait dû s’y attendre. Ses épaules s’affaissèrent. Pourquoi avait-elle espéré quoique ce soit de la part de Mikele ? Elle n’avait été que sa servante. Un objet. Elle se passa la main dans les cheveux, tic qu’elle avait quand elle était contrariée, puis s’assit dans un fauteuil. Quelqu’un entra.
Les cheveux maintenant noués en une tresse impeccable, vêtue d’une robe grise argentée, dont les petits cristaux projetaient sur les murs des dizaines de petites lumières aux couleurs des arcs-en-ciel, Naomi Fellucci s’avança. De ses mains gantées de noir, elle sortit un bout de parchemin impeccablement plié, et le tendit à Hélène, qui lut le nom de la cliente.
- Pour une semaine, dit cette dernière en réajustant son chapeau noir. S’il vous plaît.
A ses oreilles brillaient des diamants aux milles facettes, qui faisaient ainsi briller ses yeux bleus pétillants. De son teint pâle, elle faisait ressortir son rouge à lèvre, mettant ainsi en valeur la finesse de ses lèvres, la beauté de son visage.
- Euh… D’accord, fit Hélène. Chambre… 27. Voilà la clé.
La cantatrice la remercia, puis prit son sac et monta. Mariana attendit qu’elle ait disparu à l’étage, pour s’exclamer :
- Ben dis donc, celle-là ! Elle sait comment se mettre en valeur !
- Elle a de quoi, en même temps, dit Hélène, amère.
L’italienne leva les yeux au ciel.
- Tu sais ce que c’est, ton problème ? Tu te sous-estimes trop.
- Bah. J’ai des antécédents valables.
- Ah oui ? Et quoi donc ?
Elle ne répondit que deux mots, qui convainquirent Mariana de ne pas poser plus de questions :
- Ma sœur.
L’italienne inspira bruyamment. Des gens se laissaient pourrir la vie par leur famille. Elle, elle l’avait quittée bien tôt, la sienne. A une époque, elle avait même pensé à changer de nom. Mais le garder était un affront de plus à sa famille. Et puis, elle en gardait tout de même une trace, au fond d’elle, de cette façon.
- Pff, je m’ennuie, répéta Hélène, en posant sa tête dans ses bras.
* * *
La calèche se gara enfin devant l’auberge, et Antonio répéta son théâtre pour faire descendre la jeune française.
- Vous savez monter à cheval ? s’enquit-il.
La question surprit Isobelle. Les souvenirs revinrent à sa mémoire instantanément. Elle revoyait les images terrifiantes de sa dernière expédition en cheval, et bredouilla :
- Oui, mais euh… Pas en robe…
Le musicien sourit, et elle annonça qu’elle allait se changer. Elle se précipita dans l’auberge, rencontra le regard meurtrier d’Hélène, et monta le marches. Elle troqua sa robe contre une tunique noire, un pantalon en daim et un gilet de laine. Après mûre réflexion elle prit aussi une écharpe.
Elle traversa l’auberge dans l’autre sens, rencontrant une nouvelle fois le regard meurtrier de la rouquine, et rejoignit Antonio, qui n’avait pas bougé, lui sourit. On la croirait dans son élément, habillée ainsi. Il glissa une pièce dans la main du conducteur de calèche, et il les aida à détacher les deux bestioles. Ensuite, ils poussèrent le véhicule tout le long de la rue pour la ranger dans un endroit où elle ne gênerait personne. Enfin, le conducteur se dirigea vers un café, et le couple (enfin, non, le début de couple), rejoignit les chevaux.
Isobelle, tremblante à l’idée de remonter sur un animal, elle mit un pied dans l’étrier et se hissa dessus. Antonio, lui, fit ça tout naturellement. Il montait tous les jours, c’était donc plus évident. Après un regard complice, ils firent avancer leurs chevaux dans la petite ruelle, jusqu’à un champ désert. Antonio fit sauter son cheval par-dessus la barrière, Isobelle jugea plus sage de la contourner.
- La dernière fois que je suis montée sur un cheval, j’avais seize ans, dit-elle.
Le compositeur s’arrêta, puis fit tourner son animal vers elle. Elle regardait l’herbe, triste.
- Il y avait des attentats terroristes, dans ma région, poursuivit-elle. Des soldats royaux sortaient de partout et tuaient tous ceux qui avaient, à un moment ou à un autre, voulu protester contre le Roi.
Sa voix se chargea de chagrin, mais Antonio ne bougea pas, attentif.
- Mes parents en faisaient partis. Forcément, pour les soldats, moi aussi. Je prenais mon cours d’équitation, ils ont surgis. Le cheval a été plus courageux que moi. Il s’est mis à galoper, je crois que j’y étais pour quelque chose, mais je ne contrôlais rien. Même pas mes muscles. Ils ont abattu le cheval et… (Elle frissona). Je suis tombée dans le ruisseau, plein à cette saison-là. Il était prêt à déborder, et l’eau était trouble.
Ce fut au tour du musicien de frissonner. Il imaginait un peu la scène. Isobelle, plus jeune, tombant à cheval, roulant sur elle-même, dévalant une pente rocheuse et tombant dans de l’eau vaseuse et glaciale…
- Je n’avais plus d’air, mais j’ai attendu deux minutes avant de remonter. Ma vue se brouillait, mon cerveau demandait de l’oxygène.
Elle se tut.
- Et … ? risqua-t-il.
- Je suis remontée à la surface. Ils m’attendaient. Ils se sont jetés sur moi, et j’ai dû nager parmi les algues visqueuses. Ce n’était rien à côté de l’horreur qui m’attendait auprès des soldats. Alors j’ai nagé tout ce que j’ai pu. Et ils ont abandonné.
Le tableau d’horreur se tut dans l’esprit du musicien, et il fit avancer son cheval lentement vers la jeune femme.
Il la força à le regarder, et plongea ses yeux dans les siens. La tristesse en disparut.
- Merci, dit-elle en souriant.
Il se pencha en avant, et ils s’embrassèrent. Elle ne sut plus qui avait été chercher le premier, mais les autres s’ensuivirent naturellement. Le cheval d’Antonio piaffa d’impatience, et voulut avancer, mettant ainsi un terme à l’étreinte des deux amants.
Voilà ! Pour l'instant, j'en suis là, (Non, non, tapez pas, la suite arrive !), et la suite est pour bientôt !
Laissez ABSOLUMENT vos avis, ils comptent beaucoup pour moi ! Et critiquez, aussi !