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Chapitre 1 :
Trip à la capitale…
Il était aux alentours de neuf heures du matin. Elisia Chevalier s’était assoupie dans le métro. A côté d’elle, Hélène Dubois se rongeait les ongles comme jamais elle ne l’avait fait. Comment est-ce qu’Elisia pouvait dormir, dans un moment pareil ? La voix mécanique du train sous-terrain annonça une station, et Hélène ne put retenir un regard vers le plan des lignes. Plus que deux stations, et elle devrait descendre.
Encore une fois, elle regarda anxieusement son portable, et fut désespérée de l’absence de réseau. Et si celui qui les avait convoquées avait annulé le casting ? Elle croisa encore une fois le regard de la vieille dame qu’elle avait en face. C’est vrai qu’elle devait avoir l’air bizarre. Mais Hélène avait une grande capacité –qualité ou défaut, impossible de juger-, c’ était qu’elle stressait beaucoup avant, mais plus du tout pendant.
Elle acheva son ongle du pouce gauche au moment où le métro s’arrêtait en crissant. Elle bondit sur ses pieds, tirant Elisia de son sommeil au passage, et fonça sur le quai encombré de monde. Elles durent jouer des coudes pour se frayer un chemin, à elle et leur valise, puis arrivèrent aux escaliers, qui étaient plus une autoroute à cette heure-là de la journée. Un jeune homme fondit sur Hélène, manquant de la renverser. Il ne s’excusa pas, la regarda juste avant de reprendre sa course. La jeune femme leva les yeux au ciel, et continua son ascension pénible, avec ses deux gros sacs.
Elisia, elle, n’avait, en plus, pas opté pour la facilité, en choisissant un sac à roulettes, et un autre sac. Les gens manquaient de se prendre les pieds dans ses bagages, et tous les coups commençaient à l’énerver. Elle fut soudain pressée d’arriver à l’air libre.
Lorsqu’elles y furent, elles s’assirent sur un banc pour reprendre leur souffle. L’odeur des cafés environnants leur arrivèrent aux narines, et le ventre d’Elisia gronda. D’un sourire, elles s’entendirent. Elles gagnèrent le café le plus sympathique qui leur semblait et commandèrent chacune leur petit déjeuner. Hélène guettait sans cesse son portable, mais une voix les interpella :
- Je voudrais un chocolat chaud froid, s’il vous plaît.
Elles se retournèrent vers la cliente. Le serveur la regardait comme s’il n’avait jamais vu d’Humain de sa vie, et bredouilla :
- Pardon ?
- Un chocolat chaud froid. Je ne vois pas ce que vous ne comprenez pas. Du lait froid, du chocolat en poudre. Rien de plus simple.
- Ah ! Euh… Je vais voir si le patron fait ça…
- Bah, je ne vous demande pas la lune, quand même ! Si ?
Le serveur ne savait plus où se mettre. Il bredouilla une phrase incompréhensible et disparut en cuisine.
- Quoi ? demanda la cliente brune d’un ton un peu désagréable. Vous ne connaissez pas le chocolat froid ?
- On a rien dit, se défendit Elisia.
La brune fit la moue.
- Tu veux venir avec nous ? proposa Hélène.
Elisia lui lança un regard qui voulait clairement dire qu’elle n’était pas d’accord, mais la cliente difficile accepta en souriant. Elle prit son sac et les rejoignit.
- Excusez-moi, je suis un peu tendue, confia-t-elle.
- Moi aussi, dit Hélène. Regarde.
Elle lui montra ses ongles. Enfin… Là où auraient du se trouver des ongles.
- Je ne me ronge pas les ongles, mais je suis très nerveuse aussi. Vous vivez ici ?
- Non. On vient du sud, répondit Elisia en mordant dans sa chocolatine.
- Et toi ?
- Oui, je vis ici… On peut dire ça comme ça. D’où exactement, dans le Sud ?
- Pau. Enfin… Près de Pau. Pas loin de…
- Je connais Pau, la coupa-t-elle. J’y ai vécu.
Les deux paloises se regardèrent, et Hélène prit une gorgée de café.
- J’y ai fait mon collège, après, j’suis partie à Paris.
Curieusement, dans l’esprit d’Elisia, s’insinuait l’idée qu’elle connaissait cette fille. Pour Hélène, c’était un nom qui lui trottait dans la tête, quand elle écoutait la description de cette femme.
Quant à elle, le visage d’Elisia lui disait quelque chose. Mais le plus marquant, c’était le collier d’Hélène. Un cœur gris marqué de trois perles roses, au milieu. Elle se souvenait avoir porté ce collier.
Le silence se poursuivit, et fut rompu par le serveur, qui fut d’abord surpris de voir que sa cliente avait disparu, ensuite soulagé, puis de nouveau apeuré quand il la vit à la table d’à côté.
- Voilà pour mademoiselle.
- Merci.
Et il déguerpit sans demander son reste, arrachant un sourire amusé aux deux sudiennes.
- Vous venez faire quoi, à Paris ?
Les deux amies se regardèrent.
- Un casting, répondit Elisia.
La parisienne écarquilla les yeux.
- Pour Mozart l’Opéra Rock ?
Ce fut au tour des deux autres d’être surprise.
- Oui… répondit Hélène. Vous aussi ?
Naomie hocha la tête. Elles achevèrent leur café, et sortirent ensembles, pour se diriger vers les studios. En chemin, elles discutèrent ardemment de Dove Attia, de sa comédie musicale et, surtout, des acteurs. Il s’avéra que Naomie et Elisia allait postuler pour le même rôle, au grand désespoir d’Hélène. Les ennuis commençaient, et elles n’étaient même pas arrivées.
- Donc, vous êtes toutes les deux sur le rôle de la maîtresse de Mozart ?
Elles hochèrent la tête, puis rentrèrent dans le grand immeuble de verre. La réception n’était que velours rouge et barre dorées scintillantes, et toutes trois eurent la même pensée : Dove voyait grand.
- Bonjour, salua le réceptionniste. Puis-je vous aider ?
- Oui, répondit Naomie.
- Nous sommes à la recherche du casting pour le…
- Troisième étage. Bonne journée.
Elles se concertèrent du regard, puis se dirigèrent vers l’ascenseur, qui s’ouvrit dès qu’elles eurent mis le pied devant. Les trois filles étaient impressionnées. Dans le petit cagibi de métal régna un silence mortel. Chacune répétait son texte. Quand l’ascenseur s’ouvrit, une femme au chignon serré les attendait, un bloc note dans la main.
- Vous êtes … ? demanda-t-elle.
- Hélène Dubois, Elisia Chevalier et …
Naomie les regardait maintenant d’un air émerveillé.
- Naomie Orléans.
Un grand sourire se dessina sur les lèvres de toute les trois. Elles savaient bien qu’elles se connaissaient. C’était trop beau.
Elles furent menées dans une salle d’attente, où elles se posèrent, regardant tous les concurrents disparaître… Pour ne jamais revenir.
N’ayant plus d’ongles, Hélène se mit à torturer le papier qu’elle avait dans les mains. Naomie avait la tête appuyée contre le mur, ses lèvres bougeaient : elle répétait son texte. Elisia commençait à avoir le ventre retourné, alors elle se concentrait en fixant une fissure dans le mur en face d’elle.
- Elisia Chevalier, annonça la secrétaire.
Elisia sursauta, sortant de sa transe. Naomie la poussa vers la porte où l’attendait la femme austère. Elle traversa le couloir, son estomac menaçant de remonter le café qu’elle venait de boire, la gorge plus que serrée, et arriva sur une scène de théâtre. Les projecteurs illuminaient les planches de bois d’une lumière bleue, et elle cligna plusieurs fois pour s’habituer à la lumière irradiante.
- Bonjour, Elisia, dit une voix qu’elle reconnut être celle de Dove Attia, pour l’avoir souvent entendue dans les interviews. Tu es donc ici pour te présenter pour … ?
- La… La maîtresse de Wolfgang Mozart, bredouilla-t-elle.
Il y eu des murmures, dans les gradins, et Elisia se sentit de plus en plus mal à l’aise.
- Quelle chanson vas-tu présenter ? s’enquit une autre voix.
- Anima Nuvola, répondit-elle. De Mikele Loconte.
Nouveau murmure, puis la musique fut lancée. En tremblant, Elisia prit le micro qui était devant elle, et se mit à chanter la chanson qu’elle travaillait depuis maintenant deux mois. Lorsque le chant fut achevé, elle n’entendit rien, et crut être toute seule, jusqu’à ce que Dove prenne la parole :
- Tu connais les chansons de la comédie musicale par cœur ?
- Euh… Oui. Je crois. Enfin… Pas toutes. Ca dépend.
Elle n’eut pas le temps de se justifier que le playback de « si je défaille » fut lancé. La peut au ventre, elle tenta tant bien que mal de se rappeler le début des paroles, mais ce fut en vain. Le trou noir. Le début de la musique s’écoula, et Elisia faisait des efforts monumentaux pour essayer de s’y retrouver. Vingt secondes plus tard, elle était lancée. Elle interpréta donc la chanson en entier, même si elle avait loupé le début, puis l’acheva, loin d’être fière de sa prestation.
- Bien, merci. Si vous êtes retenue, nous vous contacterons. Bonne après-midi, lui dit la voix doucereuse d’une femme.
Les larmes aux yeux, elle sortit de l’autre côté de la scène, et décida d’attendre ses deux amies. Elle s’assit dans un des sièges de velours blanc, et se mit la tête dans les mains.
Le papier qu’elle avait dans les mains avait fini en petit bouts à ses pieds. Hélène chercha quelque chose d’autre pour lui calmer les nerfs. Les noms de famille appelés en étaient à –Da. Elle avait remarqué que beaucoup s’étaient désistés, et elle hésitait à faire pareil. Ses jambes tremblaient trop, mais le regard de Naomie la dissuadait d’aller où que ce soit, si ce n’était dans la salle de casting.
- Dubois. Dubois, Hélène.
Elle crut qu’elle allait tomber dans les pommes. Elle se leva, faillit tomber, provoquant des rires chez certaines personnes, et suivit la femme. Elle emprunta le couloir gris et dénué de toute décoration jusqu’à la scène. Elle avait tellement mal au ventre qu’elle aurait pu se plier en deux. Elle avait envie d’aller aux toilettes. Elle avait envie de vomir. Elle eut un hoquet de stupeur en montant sur les planches.
- Bonjour, Hélène. Tu es donc ici pour te présenter pour … ?
Elle se demanda si, si elle ouvrait la bouche, elle n’allait pas rendre son café.
- La femme de…
Elle se reprit :
- La femme d’Antonio Salieri.
- Bien. Et quelle chanson vas-tu nous interpréter ?
La jeune femme inspira à fond.
- La complainte de la serveuse automate, dans Starmania. J’ai le playback.
- Nous aussi. Vas-y.
La musique démarra, et son stress s’envola d’un coup. Ses jambes tremblaient encore, mais elle savait ce qu’elle avait à faire. Elle avait retourné cette situation des centaines de milliers de fois dans son esprit, elle avait imaginé tous les scénarios possibles. Elle ne pouvait pas se tromper.
Elle commença à chanter. Concentrée sur ses paroles, elle ne s’écoutait pas, ce qu’elle regretta, à la fin, puisqu’elle ne sut pas si ce qu’elle avait fait était bien. Elle eut à peine le temps de finir sa chanson que le playback de « l’Assasymphonie » démarra. Prise au dépourvu, elle ne sut quoi faire, jusqu’à ce qu’elle entende un : « chante ! ». Alors, elle se mit à chanter. Pour appuyer sur les paroles, elle fit des gestes, discrets, mais adaptés. La chanson se finit.
- Bien, merci. Si vous êtes retenue, nous vous contacterons. Bonne après-midi, lui dit la voix doucereuse d’une femme.
Hélène se sentit à nouveau mal. C’est presque en courant qu’elle quitta la scène, qu’elle franchit la porte, et déboula dans la salle. Quand elle croisa le regard désolé d’Elisia, elle éclata en sanglots. Elle se sentait tellement nulle !
- Ne t’inquiète pas, Hel. On sera deux. J’espère que Naomie va passer…
D’un commun accord, elles choisirent de l’attendre, en partageant le fauteuil en cuir pour deux. Elles tinrent dans cette situation inconfortable jusqu’à ce qu’un jeune garçon entre et les dévisage. Alors Hélène opta pour le sol.
Trip à la capitale…
Il était aux alentours de neuf heures du matin. Elisia Chevalier s’était assoupie dans le métro. A côté d’elle, Hélène Dubois se rongeait les ongles comme jamais elle ne l’avait fait. Comment est-ce qu’Elisia pouvait dormir, dans un moment pareil ? La voix mécanique du train sous-terrain annonça une station, et Hélène ne put retenir un regard vers le plan des lignes. Plus que deux stations, et elle devrait descendre.
Encore une fois, elle regarda anxieusement son portable, et fut désespérée de l’absence de réseau. Et si celui qui les avait convoquées avait annulé le casting ? Elle croisa encore une fois le regard de la vieille dame qu’elle avait en face. C’est vrai qu’elle devait avoir l’air bizarre. Mais Hélène avait une grande capacité –qualité ou défaut, impossible de juger-, c’ était qu’elle stressait beaucoup avant, mais plus du tout pendant.
Elle acheva son ongle du pouce gauche au moment où le métro s’arrêtait en crissant. Elle bondit sur ses pieds, tirant Elisia de son sommeil au passage, et fonça sur le quai encombré de monde. Elles durent jouer des coudes pour se frayer un chemin, à elle et leur valise, puis arrivèrent aux escaliers, qui étaient plus une autoroute à cette heure-là de la journée. Un jeune homme fondit sur Hélène, manquant de la renverser. Il ne s’excusa pas, la regarda juste avant de reprendre sa course. La jeune femme leva les yeux au ciel, et continua son ascension pénible, avec ses deux gros sacs.
Elisia, elle, n’avait, en plus, pas opté pour la facilité, en choisissant un sac à roulettes, et un autre sac. Les gens manquaient de se prendre les pieds dans ses bagages, et tous les coups commençaient à l’énerver. Elle fut soudain pressée d’arriver à l’air libre.
Lorsqu’elles y furent, elles s’assirent sur un banc pour reprendre leur souffle. L’odeur des cafés environnants leur arrivèrent aux narines, et le ventre d’Elisia gronda. D’un sourire, elles s’entendirent. Elles gagnèrent le café le plus sympathique qui leur semblait et commandèrent chacune leur petit déjeuner. Hélène guettait sans cesse son portable, mais une voix les interpella :
- Je voudrais un chocolat chaud froid, s’il vous plaît.
Elles se retournèrent vers la cliente. Le serveur la regardait comme s’il n’avait jamais vu d’Humain de sa vie, et bredouilla :
- Pardon ?
- Un chocolat chaud froid. Je ne vois pas ce que vous ne comprenez pas. Du lait froid, du chocolat en poudre. Rien de plus simple.
- Ah ! Euh… Je vais voir si le patron fait ça…
- Bah, je ne vous demande pas la lune, quand même ! Si ?
Le serveur ne savait plus où se mettre. Il bredouilla une phrase incompréhensible et disparut en cuisine.
- Quoi ? demanda la cliente brune d’un ton un peu désagréable. Vous ne connaissez pas le chocolat froid ?
- On a rien dit, se défendit Elisia.
La brune fit la moue.
- Tu veux venir avec nous ? proposa Hélène.
Elisia lui lança un regard qui voulait clairement dire qu’elle n’était pas d’accord, mais la cliente difficile accepta en souriant. Elle prit son sac et les rejoignit.
- Excusez-moi, je suis un peu tendue, confia-t-elle.
- Moi aussi, dit Hélène. Regarde.
Elle lui montra ses ongles. Enfin… Là où auraient du se trouver des ongles.
- Je ne me ronge pas les ongles, mais je suis très nerveuse aussi. Vous vivez ici ?
- Non. On vient du sud, répondit Elisia en mordant dans sa chocolatine.
- Et toi ?
- Oui, je vis ici… On peut dire ça comme ça. D’où exactement, dans le Sud ?
- Pau. Enfin… Près de Pau. Pas loin de…
- Je connais Pau, la coupa-t-elle. J’y ai vécu.
Les deux paloises se regardèrent, et Hélène prit une gorgée de café.
- J’y ai fait mon collège, après, j’suis partie à Paris.
Curieusement, dans l’esprit d’Elisia, s’insinuait l’idée qu’elle connaissait cette fille. Pour Hélène, c’était un nom qui lui trottait dans la tête, quand elle écoutait la description de cette femme.
Quant à elle, le visage d’Elisia lui disait quelque chose. Mais le plus marquant, c’était le collier d’Hélène. Un cœur gris marqué de trois perles roses, au milieu. Elle se souvenait avoir porté ce collier.
Le silence se poursuivit, et fut rompu par le serveur, qui fut d’abord surpris de voir que sa cliente avait disparu, ensuite soulagé, puis de nouveau apeuré quand il la vit à la table d’à côté.
- Voilà pour mademoiselle.
- Merci.
Et il déguerpit sans demander son reste, arrachant un sourire amusé aux deux sudiennes.
- Vous venez faire quoi, à Paris ?
Les deux amies se regardèrent.
- Un casting, répondit Elisia.
La parisienne écarquilla les yeux.
- Pour Mozart l’Opéra Rock ?
Ce fut au tour des deux autres d’être surprise.
- Oui… répondit Hélène. Vous aussi ?
Naomie hocha la tête. Elles achevèrent leur café, et sortirent ensembles, pour se diriger vers les studios. En chemin, elles discutèrent ardemment de Dove Attia, de sa comédie musicale et, surtout, des acteurs. Il s’avéra que Naomie et Elisia allait postuler pour le même rôle, au grand désespoir d’Hélène. Les ennuis commençaient, et elles n’étaient même pas arrivées.
- Donc, vous êtes toutes les deux sur le rôle de la maîtresse de Mozart ?
Elles hochèrent la tête, puis rentrèrent dans le grand immeuble de verre. La réception n’était que velours rouge et barre dorées scintillantes, et toutes trois eurent la même pensée : Dove voyait grand.
- Bonjour, salua le réceptionniste. Puis-je vous aider ?
- Oui, répondit Naomie.
- Nous sommes à la recherche du casting pour le…
- Troisième étage. Bonne journée.
Elles se concertèrent du regard, puis se dirigèrent vers l’ascenseur, qui s’ouvrit dès qu’elles eurent mis le pied devant. Les trois filles étaient impressionnées. Dans le petit cagibi de métal régna un silence mortel. Chacune répétait son texte. Quand l’ascenseur s’ouvrit, une femme au chignon serré les attendait, un bloc note dans la main.
- Vous êtes … ? demanda-t-elle.
- Hélène Dubois, Elisia Chevalier et …
Naomie les regardait maintenant d’un air émerveillé.
- Naomie Orléans.
Un grand sourire se dessina sur les lèvres de toute les trois. Elles savaient bien qu’elles se connaissaient. C’était trop beau.
Elles furent menées dans une salle d’attente, où elles se posèrent, regardant tous les concurrents disparaître… Pour ne jamais revenir.
N’ayant plus d’ongles, Hélène se mit à torturer le papier qu’elle avait dans les mains. Naomie avait la tête appuyée contre le mur, ses lèvres bougeaient : elle répétait son texte. Elisia commençait à avoir le ventre retourné, alors elle se concentrait en fixant une fissure dans le mur en face d’elle.
- Elisia Chevalier, annonça la secrétaire.
Elisia sursauta, sortant de sa transe. Naomie la poussa vers la porte où l’attendait la femme austère. Elle traversa le couloir, son estomac menaçant de remonter le café qu’elle venait de boire, la gorge plus que serrée, et arriva sur une scène de théâtre. Les projecteurs illuminaient les planches de bois d’une lumière bleue, et elle cligna plusieurs fois pour s’habituer à la lumière irradiante.
- Bonjour, Elisia, dit une voix qu’elle reconnut être celle de Dove Attia, pour l’avoir souvent entendue dans les interviews. Tu es donc ici pour te présenter pour … ?
- La… La maîtresse de Wolfgang Mozart, bredouilla-t-elle.
Il y eu des murmures, dans les gradins, et Elisia se sentit de plus en plus mal à l’aise.
- Quelle chanson vas-tu présenter ? s’enquit une autre voix.
- Anima Nuvola, répondit-elle. De Mikele Loconte.
Nouveau murmure, puis la musique fut lancée. En tremblant, Elisia prit le micro qui était devant elle, et se mit à chanter la chanson qu’elle travaillait depuis maintenant deux mois. Lorsque le chant fut achevé, elle n’entendit rien, et crut être toute seule, jusqu’à ce que Dove prenne la parole :
- Tu connais les chansons de la comédie musicale par cœur ?
- Euh… Oui. Je crois. Enfin… Pas toutes. Ca dépend.
Elle n’eut pas le temps de se justifier que le playback de « si je défaille » fut lancé. La peut au ventre, elle tenta tant bien que mal de se rappeler le début des paroles, mais ce fut en vain. Le trou noir. Le début de la musique s’écoula, et Elisia faisait des efforts monumentaux pour essayer de s’y retrouver. Vingt secondes plus tard, elle était lancée. Elle interpréta donc la chanson en entier, même si elle avait loupé le début, puis l’acheva, loin d’être fière de sa prestation.
- Bien, merci. Si vous êtes retenue, nous vous contacterons. Bonne après-midi, lui dit la voix doucereuse d’une femme.
Les larmes aux yeux, elle sortit de l’autre côté de la scène, et décida d’attendre ses deux amies. Elle s’assit dans un des sièges de velours blanc, et se mit la tête dans les mains.
Le papier qu’elle avait dans les mains avait fini en petit bouts à ses pieds. Hélène chercha quelque chose d’autre pour lui calmer les nerfs. Les noms de famille appelés en étaient à –Da. Elle avait remarqué que beaucoup s’étaient désistés, et elle hésitait à faire pareil. Ses jambes tremblaient trop, mais le regard de Naomie la dissuadait d’aller où que ce soit, si ce n’était dans la salle de casting.
- Dubois. Dubois, Hélène.
Elle crut qu’elle allait tomber dans les pommes. Elle se leva, faillit tomber, provoquant des rires chez certaines personnes, et suivit la femme. Elle emprunta le couloir gris et dénué de toute décoration jusqu’à la scène. Elle avait tellement mal au ventre qu’elle aurait pu se plier en deux. Elle avait envie d’aller aux toilettes. Elle avait envie de vomir. Elle eut un hoquet de stupeur en montant sur les planches.
- Bonjour, Hélène. Tu es donc ici pour te présenter pour … ?
Elle se demanda si, si elle ouvrait la bouche, elle n’allait pas rendre son café.
- La femme de…
Elle se reprit :
- La femme d’Antonio Salieri.
- Bien. Et quelle chanson vas-tu nous interpréter ?
La jeune femme inspira à fond.
- La complainte de la serveuse automate, dans Starmania. J’ai le playback.
- Nous aussi. Vas-y.
La musique démarra, et son stress s’envola d’un coup. Ses jambes tremblaient encore, mais elle savait ce qu’elle avait à faire. Elle avait retourné cette situation des centaines de milliers de fois dans son esprit, elle avait imaginé tous les scénarios possibles. Elle ne pouvait pas se tromper.
Elle commença à chanter. Concentrée sur ses paroles, elle ne s’écoutait pas, ce qu’elle regretta, à la fin, puisqu’elle ne sut pas si ce qu’elle avait fait était bien. Elle eut à peine le temps de finir sa chanson que le playback de « l’Assasymphonie » démarra. Prise au dépourvu, elle ne sut quoi faire, jusqu’à ce qu’elle entende un : « chante ! ». Alors, elle se mit à chanter. Pour appuyer sur les paroles, elle fit des gestes, discrets, mais adaptés. La chanson se finit.
- Bien, merci. Si vous êtes retenue, nous vous contacterons. Bonne après-midi, lui dit la voix doucereuse d’une femme.
Hélène se sentit à nouveau mal. C’est presque en courant qu’elle quitta la scène, qu’elle franchit la porte, et déboula dans la salle. Quand elle croisa le regard désolé d’Elisia, elle éclata en sanglots. Elle se sentait tellement nulle !
- Ne t’inquiète pas, Hel. On sera deux. J’espère que Naomie va passer…
D’un commun accord, elles choisirent de l’attendre, en partageant le fauteuil en cuir pour deux. Elles tinrent dans cette situation inconfortable jusqu’à ce qu’un jeune garçon entre et les dévisage. Alors Hélène opta pour le sol.
Je pense que tu y sera 
(Sur Ma Bimbo 
