Son regard se posa enfin sur Mariana, et il fit de nouveau face au prêtre. Il prit une grande inspiration, regarda Marie, resplendissante dans sa robe, puis répondit :
- Non.
L’assemblée se tut d’un coup. L’italien ne sembla pas gêné le moins du monde, et il lâcha la main de Marie, qui semblait choquée.
- Pardon ?
- J’ai dis non. Ce n’est pas Marie que je veux comme épouse.
Tous les regards se tournèrent alors vers Marie, dont le visage avait viré au rouge. Ce n’était pas un rouge de honte, c’était un rouge de rage. Ses traits se contractèrent, et elle leva une main aussi vite que l’éclair. La claque retentit dans toute l’église. Certains membres du public portèrent leur main à leur bouche, stupéfaits. Mikele ne cilla pas. Comme s’il était insensible au coup qu’il venait de recevoir, il redressa la tête, et toisa froidement la jeune blonde. Celle-ci soutint son regard. Elle constatait avec satisfaction que la bague qu’elle portait à l’index droit avait laissé sa marque sur la joue de celui qui aurait dû être son mari.
On entendit alors des applaudissements du fond de la salle. Mariana, le sourire jusqu’aux oreilles, applaudissait calmement. Quelques-uns voulurent la rejoindre, mais changèrent rapidement d’avis. Hélène regardait son amie, mais celle-ci s’en fichait. Elle regardait Mikele, toujours avec son sourire, qui semblait un peu narquois. « Elle fait peur… » pensa la rouquine en déglutissant.
Puis Marie éclata de rire. Un rire qui semblait sincère, réellement amusé, et non pas nerveux. L’assemblée finit par l’imiter, et même le prêtre dû mettre une main devant la bouche pour cacher son sourire.
- Et bien, Mikele Loconte, c’est ce qu’on appelle un mariage raté ! s’exclama-t-elle. Tant pis. Si vous voulez que ce soit ainsi.
Il tendit la main vers elle, et demanda, avec un sourire :
- Sans rancune ?
Une ombre de méfiance passa dans le regard de la jeune blonde, mais elle la serra tout de même. Son sourire avait disparu. Toute la salle applaudit, et les bancs raclèrent le sol. Les gens quittaient déjà la salle, amusés de cette cérémonie on ne pouvait plus particulière.
Dès que tout le monde fut sorti, Naomie et Eleonore se précipitèrent sur Marie, qui fondit en larmes. Mikele, quant à lui, jeta un dernier regard à la silhouette gracile entourée des deux jeunes femmes, puis il rejoignit Mariana, qu’il serra dans ses bras. Elle se dégagea sèchement.
- Qu’est-ce que tu as fais ?
- J’essayais.
- Quoi ?
Il la regarda dans les yeux, et prit ses mains. Une nouvelle fois, elle se dégagea.
- Ecoute, Mariana. Marie, ce n’est pas le genre de fille que je peux aimer à m’en marier. Elle est trop farouche pour faire une bonne femme au foyer…
- Ah, parce que c’est comme ça que tu me vois ? Comme une femme au foyer ?! s’offusqua l’Italienne. Apprenez, monsieur Loconte, que Marie est une femme qui s’affirme, et je ne vois vraiment pas…
- Chut ! l’interrompit-il. Ne pars pas sur cette discussion, s’il te plaît !
- Et pourquoi pas ?
Mikele haussa les épaules, puis répondit :
- Parce que je n’en ai aucune envie. Après tout, tu sais que je t’aime, et je n’ai pas envie qu’on s’embrouille à cause d’une histoire qui a mal tourné.
Mariana ouvrit la bouche, stupéfaite.
- Mais tu te rends compte de ce que tu dis ?!
Elle n’attendit pas sa réponse, et tourna les talons, furieuse. De loin, Marie le regardait, se disant intérieurement que c’était bien fait pour lui.
* * *