Fiction de Mozart
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Ma fiction à moi ... -Partie 1.

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Nelly Salieri ♪

Nelly Salieri ♪
♫ L'Ecrivaine ♫

Chapitre 1


Chapitre Premier :
L’arrivée d’une aide inconnue et étrangère

Il était tard le soir, et la pluie battait fort contre les carreaux. Les rues de Mannheim étaient grises et désertes. Rares étaient ceux qui osaient s’aventurer sous les cordes de pluie.
Justement. Une ombre, qui était, jusque là, abritée sous un paravent d’une boutique de chapeaux, se détacha du mur de briques rouges, traversa la ruelle, et toqua trois fois contre une porte de bois, surmontée d’une enseigne annonçant « Chez Cécilia & Fridolin », bien que le dernier nom ait été barré sauvagement –sûrement à l’aide d’un couteau-.
La porte s’entrebâilla, laissant apparaître un visage charmant d’une jeune femme dans la vingtaine. Elle jeta un œil à la personne qu’elle avait en face d’elle, et la fit entrer, d’un air un peu agacé.
La nouvelle arrivante se défit de sa cape trempée. Elle était rousse, et avait les cheveux noués en une longue tresse qui lui descendait jusqu’aux hanches. Elle écarta les mèches trempées de ses yeux, et laissa glisser au sol un sac de toile, qui ne devait pas peser bien lourd.
- Bonjour, madame, salua la nouvelle arrivante.
Son interlocutrice, une belle et jeune femme, habillée d’une façon très chic, et coiffée d’un chignon imposant, la dévisagea.
- Bonsoir, répondit-elle. Qui êtes-vous, et que venez-vous faire ici ?
- Je m’appelle Hélène. Hélène Maginot. Je cherche un travail.
La fille de la propriétaire regarda Hélène des pieds à la tête, puis, dans un sourire, se présenta à son tour :
- Enchantée, je suis Aloysia Weber. Ma mère possède cet endroit. C’est elle qui choisira si oui u non vous êtes apte à être notre gouvernante. Votre allemand n’est pas très bon… D’où venez-vous ?
Hélène se renfrogna. Elle espérait ne pas avoir à trop parler d’elle : c’était raté.
- France. J’suis française.
- Je ne parle pas le français, désolée, dit l’autre, qui ne semblait pas sincère le moins du monde.
La poignée d’une vieille porte qu’Hélène avait à peine remarqué tourna, et une femme d’un certain âge apparu, un bloc-note dans la main.
- Bonsoir, bonsoir, dit Cécilia qui vint s’assoir sur une des chaises installées en cercle autour d’une petite table. Vous êtes Hélène Maginot ?
- Euh… Oui, madame. Bonjour, madame.
- Asseyez-vous, intima-t-elle. Aloysia, vas voir ailleurs si j’y suis.
Aloysia fit une grimace et sortit. Hélène retint un rire nerveux, mais Cécilia lui ôta de quelques mots toute envie d’être heureuse.
- Je vous prends à l’essai pendant une semaine. S’il se passe quoi que ce soit qui me déplaît, je vous mets à la porte. Jusqu’à présent, je n’en ai gardé aucune. Soyez à la hauteur. Votre chambre est la première à droite, au premier étage. Vous avez une heure pour vous installer, ensuite, je vous montrerais les repères principaux que vous avez à avoir. Je vais vous présenter mes filles, aussi, mais tout à l’heure. Qu’est-ce que vous faites encore là ?
Hélène, qui était restée assise sous le flot de parole de la propriétaire, se leva, comme électrocutée. Elle prit son sac et monta les premières marches, avant de trébucher, de se rattraper de justesse, et de se ressaisir. Elle arriva au premier étage, et entra dans sa chambre. L’odeur de renfermé lui fit aussitôt froncer le nez. La gouvernante précédente n’avait sans doute pas eu le temps de faire le ménage. La rouquine retourna des manches, et se mit au travail. Elle trouva à peine de quoi habiller son lit, et se jura d’investir dans un minimum de décoration dès qu’elle aurait reçu son premier salaire –en espérant qu’elle en reçoive un un jour-, puis elle acheva son installation. Elle eut à peine le temps de s’assoir que quelqu’un tapa à sa porte.
- Oui ?
La porte s’ouvrit –en grinçant-, et une jeune femme aussi brune que celle qu’Hélène avait rencontrée plus tôt entra.
- Je m’appelle Constance. Maman m’a dit de venir te chercher. Elle t’attend en bas
Elle allait faire demi-tour, mais elle se ravisa, puis ajouta :
- Tu es bien la nouvelle gouvernante ?
Hélène acquiesça en se levant, faisant ainsi comprendre à Constance qu’elle allait sortir. Celle-ci se poussa, puis partit devant, dans les escaliers.
Constance était une jeune femme très chic, mais qui semblait tout de même plus jeune que la dénommée Aloysia. Elle semblait aussi moins gracieuse. « Peut-être est-ce parce qu’elle est en train d’en baver pour descendre les escaliers avec ses talons », pensa Hélène en la suivant.
Elles entrèrent dans le salon qui servait d’accueil, visiblement, pour l’auberge, et où Cécilia était assise dans le même fauteuil, comme si elle n’en avait pas bougé. A côté d’elle était assise Aloysia, et une autre jeune femme qui lui ressemblait.
- Ah ! Vous voilà enfin ! s’exclama Cécilia en se levant. Bien, je vous présente donc… Aloysia (elle montra celle qui l’avait accueillie le matin), Constance, et (elle montra la dernière) Sophie. A l’étage, vous risquez de trouver Josepha, qui brode, il me semble. Venez par ici, je vais vous expliquer le fonctionnement de cette auberge.

* * *

Le soir, après avoir tenté de mémoriser les noms des gens séjournant actuellement dans l’auberge où elle avait trouvé emploi, Hélène s’endormit en posant la tête sur l’oreiller.
Parallèlement, à l’étage du dessus, Aloysia Weber, lovée dans ses draps, regardait la lune, de sa fenêtre. Elle pensait à son futur mari, avec regret. Pensive, elle souffla sur sa bougie, et s’allongea.
Constance, elle, achevait une énième lettre, qu’elle froissa, pour qu’elle aille rejoindre les autres boulettes de papier, au pied de sa corbeille à détritus. Elle essayait de trouver les mots qui pourraient expliquer à cet homme si… Charmant, envoûteur, énigmatique… Cette attirance. Mais après tout, elle se posait beaucoup de questions. Déjà, elle ne savait pas où il était. Depuis cette journée, chez la princesse d’Orange, depuis cette lettre mystérieuse de son père, elle ne l’avait plus jamais revu. Il avait disparu de la circulation. Elle ne s’était jamais éprise d’un autre homme que lui. Pourtant, lui, avait préféré Aloysia. Mais maintenant que celle-ci était fiancée, et qu’elle aurait pu avoir sa chance… Il avait complètement disparu.
De rage, elle froissa la dernière feuille de parchemin qu’il lui restait, puis elle la lança à travers la pièce. Les larmes lui vinrent aux yeux, mais elle les chassa d’un geste rageur. Exténuée, elle se changea, puis se coucha. Elle ne ferma pas l’œil de la nuit, et, le lendemain, elle se leva avec une mine affreuse. Déterminée à faire quelque chose d’utile de sa journée, elle s’employa à préparer un petit-déjeuner, bien qu’elle s’endorme quelque peu en découpant le pain ou en faisant chauffer le lait. Ce n’est qu’une demi-heure après qu’Hélène la rejoignit.
- Bonjour ! salua celle-ci. Oh ! Vous feriez mieux d’aller vous recoucher, mademoiselle Constance.
Elle fit « non » de la tête, et mit plus d’ardeur pour faire des tranches de pain droites. Quelques minutes plus tard, un client entra, les lèvres pincées. Quand il vit la jeune Weber, il changea d’attitude.
- Bonjour, mademoiselle Weber ! Vous êtes bien charmante, ce matin !
Hélène le regarda bizarrement. « C’est charmant, un zombie ? » s’étonna-t-elle.
Constance dut avoir à peu près la même pensée, à en juger la tête qu’elle fit. Elle leva les yeux au ciel, puis laissa tomber le couteau de pain, en faisant signe à la gouvernante de s’en occuper. Celle-ci se précipita pour la remplacer, tandis que Constance se levait pour aller se laver. En chemin, elle croisa Aloysia, qui tripotait nerveusement une bague entre ses doigts, accoudée à la fenêtre du couloir. On entendait le chant des oiseaux.
- Qu’est-ce qu’il y a ? interrogea Constance, en passant.
- Je me pose des questions.
- Ah. C’est grave ?
- Oui.
- Tant mieux.
Et la plus jeune passa son chemin. Aloysia lui jeta un œil noir, puis se dirigea vers la cuisine, où le client s’endormait à moitié sur la table, et où Hélène servait le lait chaud dans diverses tasses. La jeune Weber s’assit, et se servit une tartine de confiture. Sans dire un mot, elle se mit à manger. Hélène, qui l’observait depuis qu’elle était entrée, se remit au travail. Elle regarda tour à tour le client qui faisait de l’apnée sous son café au lait et l’autre qui semblait perdue dans ses pensées, puis leva les yeux au ciel. Elle avait compris. La communication, à Mannheim, ce n’était pas leur fort.
Cécilia entra comme un boulet de canon, faisant sursauter tout le monde.
- Aloysia ! C’est toi à l’accueil, aujourd’hui ! Il y a une femme qui attend ! Qu’est-ce-que-tu-fais-encore-là ?!
La ravissante jeune femme, qui s’étouffait à présent avec sa tartine, avala une grande gorgée de café.
- Maman ! cria-t-elle quand elle eut retrouvé l’usage de sa voix. Je t’ai déjà dit de pas faire des irruptions comme ça ! C’est pas bon pour le cœur !
- Oui, et les clients qui attendent, c’est pas bon pour le porte-monnaie !
Aloysia souffla bruyamment, pour montrer son mécontentement, puis elle se leva, en faisant racler sa chaise contre le carrelage, ce qui fit grimacer Hélène.
Aloysia se leva, épousseta sa robe des miettes de pain, et rejoignit l’accueil. En effet, une femme, qui devait être à peine majeure, un peu bronzée, et habillée d’un pantalon un peu ocre, ce qui n’était pas commun pour une femme. Elle transportait un lourd sac, et semblait harassée de fatigue.
La cantatrice salua la cliente, qui lui répondit chaleureusement. Elle avait un accent très marqué, mais la jeune Weber n’aurait pas su d’où il provenait.
- Vous voulez…
- … Réserver, oui, s’il vous plaît. Je compte rester … Une ou deux semaines. L’Allemagne est pleins de bons sites à visiter, non ?
- Je n’en sais rien, répondit Aloysia. Je ne vais jamais plus loin que l’opéra.
L’américaine arqua un sourcil.
- A quel nom je vous réserve la chambre ? s’enquit la fille de la propriétaire.
- Sassou. Astrid Sassou.
Aloysia redressa la tête, surprise.
- Pardon ?
La cliente épela son nom, puis se fit remettre la clé de sa chambre, avant de monter, portant avec peine son sac. La porte d’entrée s’ouvrit de nouveau.
- Bonjour tout le monde ! s’exclama la jeune femme qui entra. Ouah ! Aloysia !
La jeune femme au chignon monumental retrouva le sourire lorsqu’elle reconnut la femme qu’elle avait en face d’elle.
- Eleonore ?! Tu es rentrée ?
- Si je suis là, c’est que oui, non ? rit l’autre, qui avait les mêmes cheveux qu’Aloysia, mais pas attachés. Et vous savez ce que j’ai retrouvé, sur le chemin du retour ?
Ameutée par le cri poussé par Eleonore Weber, toutes ses sœurs avaient rappliquées, ravies de la retrouver après de si longs mois.
- C’est quoi, que tu as ramené ? s’intéressa Aloysia, qui avait du mal à se retenir de se jeter dans les bras de sa sœur.
- Elise Wagner ! Vous vous souvenez ?
Surgit alors de derrière la porte une femme dans la même tranche d’âge que toutes les autres. Elle ne leur ressemblait pas, elle était plus petite, mais on sentait en elle la même maturité que dans toutes les autres.
- Ca alors ! s’exclama Josepha. Elise !
En fait, Elise était leur amie d’enfance. Les Weber et les Wagner avaient toujours été très proches, mais la séparation entre les deux familles avait été due à une histoire d’enfant Weber qui aurait été le fils d’un Wagner. Depuis ce jour, la tension était à son comble entre les deux.
- Et ouais, confirma Eleonore en fermant la porte. Bon, alors, les filles, quoi de neuf, ici ?
- Et bien… commença Sophie.
- Aloysia se marie, compléta Constance.
- J’ai été engagée à l’opéra, aussi, dit Aloysia, d’un ton cassant (elle n’aimait pas trop quand on faisait allusion à son futur fiancé)
- Je m’absente deux mois, et vous me pondez un mariage ?
Elles se mirent toute à rire, puis Aloysia demanda à Elise :
- Tu restes parmi nous quelques temps ? Tant qu’on a de la place ?
- Pourquoi pas, répondit-elle, souriante. Ca sera l’occasion de rattraper ce qu’on a manqué pendant ces années.
Elles acquiescèrent, puis Aloysia retourna derrière son bloc-notes pour noter le nom d’Elise Wagner. Celle-ci tordait ses cheveux pour les nouer en un chignon original (enfin… très spécial dans la mesure où cela ressemblait à une cascade de cheveux), et Hélène entra.
- Euh… Mademoiselle Aloysia ?
Celle-ci redressa la tête et émit un claquement de langue.
- Quoi ? dit-elle, d’un ton désagréable.
- Votre… (Hélène hésita devant le regard glacial d’Aloysia) mère vous demande… Dans la cuisine.
- Occupes-toi des clients, alors, ronchonna-t-elle avant de sortir en traînant les pieds.
Hélène jeta un œil affolé autour d’elle, mais elle ne rencontra le regard de personne. Toutes les filles sortirent, la laissant à sa tâche, bien qu’elle ne sache pas du tout ce qu’elle avait à faire. Deux minutes plus tard, Elise Wagner revint dans la salle, accompagnée d’Eleonore Weber.
- Bonjour, dit Eleonore, comme si elle venait de remarquer Hélène. Tu es la nouvelle …
- Oui, répondit la rousse en tentant, tant bien que mal, de paraître moins crispée.
Eleonore la regarda bizarrement, puis s’assit sur une des chaises. Elise l’imita.
- Alors, Elise, demanda Eleonore en buvant une gorgée de café. Comment ça avance, pour toi ? Toujours à l’opéra ?
- Oui et non, répondit l’autre avec un maigre sourire. Je suppose que tu sais que je n’ai plus accès au théâtre Salieri.
- Ah bon ? s’étonna la jeune Weber. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Le théâtre Salieri était un théâtre connu à Mannheim, qui tombait un peu en ruine, mais les meilleures musiques se retrouvaient forcément là-bas. Il était tenu par la famille Salieri depuis au moins deux siècles, et il n’y avait jamais eu de problèmes.
Elise hésita un peu.
- Le père Salieri est décédé, il y a peut-être un an, et c’est donc sa fille…
- Monsieur Salieri avait une fille ?!
- Oui, une fille adoptive, en fait. Je ne sais pas si tu te souviens, mais, lors de leur voyage en Italie, ils avaient décidés d’adopter cette petite orpheline qui ne connaissait que son nom… Tu te rappelles ?
- Vaguement, oui.
- C’est donc cette femme, Naomi Fellucci, qui a pris la suite, au théâtre.
Eleonore demeura pensive.
- Et, poursuivit Elise, elle a fait… Une sélection, parmi les artistes. Non, en fait, elle a viré tout le monde, puis elle a refait sa sélection. Mais quand elle a annoncé qu’elle engageait, moi, j’étais déjà partie en Autriche.
Personne ne parla. Hélène écoutait attentivement, et essayait de comprendre.
Cette femme, Elise Wagner, était une chanteuse, apparemment. Eleonore était une des sœurs Weber, elle était partie durant quelques mois. Naomi Fellucci était la propriétaire du théâtre Salieri. Hélène supposa qu’Aloysia, qui était aussi une cantatrice, devait travailler là.


- Et toi ? interrogea Elise. Où en es-tu, dans ta vie ?
Eleonore fit la moue.
- Bah, toujours pas mariée, sans travail, et sans le sou. Ce qui explique mon retour ici. Je serais restée chez ma tante, en Pologne, sinon.
Un nouveau silence s’abattit sur la salle. Il fut interrompu par le couinement de la porte d’entrée, qui s’ouvrit.
Sur un homme, cette fois.
Le trio de femme leva la tête en même temps.
Cet homme était Antonio Salieri. C’était le compositeur personnel de l’empereur Joseph II, il travaillait au palais. Personne ne l’avait jamais vraiment vu en dehors de la maison impériale. Il avança de quelques pas, jeta un œil circulaire autour de lui, puis s’avança vers le bar d’accueil. C’est Eleonore qui rompit la tension.
- Eh ! Monsieur ! On ferme la porte, ça fait des courants d’air !
Cette remarque eut le don de rompre le charme dont s’était entouré le musicien. Il ferma la porte, et alla vers Hélène, qui ne relevait plus la tête, comme si elle était tout d’un coup passionnée pour cette liste de personnes qu’elle avait sous les yeux.
- Bonjour, mademoiselle, je voudrais une chambre.
Eleonore, voyant qu’Hélène ne savait pas quoi faire, vola à son secours.
- Pour combien de temps ?
Hélène trempa la plume dans l’encre, et se prépara à écrire, la main tremblante.
La jeune française n’avait jamais eu beaucoup de chance, avec les hommes. Constamment écrasée sous l’image de sa grande sœur, Victoire, qui était quelqu’un qu’on pouvait classer de « femme facile », elle avait acquis une réputation qui n’était pas du tout quelque chose qui lui correspondait. C’était aussi une des raisons qui l’avait poussée à quitter son village, en France.
- Quelques jours. Disons trois. Et plus, si affinités.
En disant ça, il regardait Hélène, qui se sentait rougir jusqu’aux oreilles.
- A quel nom ? demanda la Weber en poussant Hélène pour prendre la plume de ses mains.
- Salieri. Antonio Salieri.
Elise émit un sifflement agacé, et le musicien se tourna vers elle.
- Vous savez que c’est à cause de votre famille que je n’ai plus d’argent ? dit-elle, amère.
L’homme, décontenancé, ne dit rien. Elise détourna le regard, les joues en feu.
- Pourquoi cela ? s’enquit-il finalement.
- Voilà la clé ! renchérit Eleonore en lui fourrant le bout de métal dans la main. Troisième porte à gauche, au deuxième étage. Merci et bonne journée !
Le musicien la dévisagea, regarda Elise qui lui tournait le dos, puis Hélène, qui ne l’avait pas quitté des yeux, et sortit, en direction des escaliers.
- Super, ronchonna Elise. Gagné. Je ne suis vraiment pas douée.
- Ca, c’est sûr, confirma Eleonore en regagnant sa place. Vous, la gouvernante ! i vous voulez rester ici, il va falloir se montrer plus active ! Le prochain client, je ne vous aide pas !
- Euh… Désolée, bredouilla-t-elle. J’ai perdu tous mes moyens…
Les deux femmes échangèrent un sourire complice, et la servante se rendit compte de sa gaffe.
- Je veux dire… Je suis timide de nature, et là, c’était mon premier client, et…
- Oui, oui, nous avons compris ! rit Eleonore. Comme ce n’était pas un laideron, il est normal que…
Hélène se renfrogna, et s’assit négligemment sur son tabouret de bois. Aloysia revint, vêtue comme une princesse.
- A tout à l’heure, tout le monde ! J’ai un concert !
- Bonne chance, lui souhaita Elise. Bon, je vais m’installer, un peu. Il faut payer, pour manger ?
- Bah, pas toi, non. D’ailleurs, le repas ne va pas se faire tout seul… Hélène ? Vous avez prévu quoi, pour midi ?
- Euh… Pardon ? Je ne savais pas que…
- Ah, vous n’êtes pas de corvée repas, aujourd’hui ? Tant mieux pour vous, le lundi, c’est toujours terrible. Je m’en charge. Bon courage, pour le registre !
- Aha. Merci, répondit Hélène, avec un rire sans joie. Je sens qu’il n’y aura pas beaucoup de clients inscrits, aujourd’hui.
- Bien sûr que si. Ils n’ont pas tous le charme de Salieri, vous savez ?
De nouveau, le visage d’Hélène s’assombrit. Elle pensa qu’elle allait manger beaucoup de railleries, durant le temps où le musicien séjournerait ici. Combien de temps, déjà ? Trois jours ? Elle se mit à se ronger les ongles. Alors, elle attrapa un parchemin et une plume, et se mit à écrire fébrilement une lettre pour sa sœur.

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